La prise en charge des patients transgenres ou transsexuels par les systèmes de santé est décidément un casse-tête pour de nombreux pays occidentaux. Alors qu’en France, la Haute Autorité de Santé s’est saisie de cette question à la demande du ministre, le Royaume-Uni s’apprête à clarifier la place de ces patients dans les hôpitaux britanniques. À l’avenir, les hommes ayant fait une transition pour devenir une femme ne pourront plus accéder aux espaces réservés aux femmes dans les hôpitaux (et réciproquement, pour les femmes ayant fait une transition pour devenir un homme).

C’est ce qu’a annoncé mardi 3 octobre le ministre britannique de la Santé, Steve Barclay, lors d’un meeting à Manchester devant des militants du Parti conservateur, comme le rapporte le Guardian . Il a également assuré que les patients qui le souhaiteront auront l’assurance que les soins en rapport avec leur intimité seront prodigués par une personne du même sexe biologique qu’eux. Steve Barclay a annoncé que ces mesures figureront dans une réforme de la Constitution du National Health Service (NHS), le système de santé britannique, allant dans le sens d’une meilleure protection de l’intimité, de la dignité et de la sécurité des patients à l’hôpital.

À lire aussiAu Royaume-Uni, les écoles non mixtes autorisées à refuser les élèves trans

Au cours de son intervention, Steve Barclay a également souligné que l’engagement du NHS en faveur de la diversité et de l’inclusion ne doit pas se faire au détriment de l’importance qu’accordent selon lui les patients, en particulier les femmes, au fait d’avoir accès à des espaces où elles seront entourées par des personnes du même sexe biologique qu’elles. «Sans cela, nous faisons courir sur le long terme un risque pour la protection des femmes», a-t-il estimé, faisant allusion au slogan choisi par les Tories pour cette conférence : «long-term decisions».

Il a par ailleurs regretté que le NHS ait pris il y a quelque temps la décision de retirer de son site la mention des femmes, s’agissant de certaines pathologies dont seules les personnes de sexe biologique féminin peuvent être atteintes, comme le cancer du col de l’utérus. Il a indiqué que le NHS est désormais revenu en arrière à ce propos, de même qu’il indique avoir donné pour consigne aux soignants de ne plus décliner aux patients les pronoms par lesquels ils souhaitent être appelés, une habitude que les associations transactivistes essaient de propager pour éviter que des personnes transgenres soient «mégenrées» (désignées par un genre auquel elles ne s’identifient pas).

À lire aussiÀ Londres, la ministre de l’Intérieur Suella Braverman sonne la charge contre l’immigration

Ce discours a suscité des critiques, y compris au sein même du Parti conservateur dont le député Jamie Wallis est devenu l’an dernier le premier député ouvertement transgenre au Royaume-Uni. Jamie Wallis a reproché au ministre de «s’attaquer à un faux problème» en déclarant que selon une enquête, aucun patient britannique ne se serait plaint d’avoir été soigné à côté de patients transgenres. Une enquête… publiée par le site TransLucent, qui milite précisément en faveur de l’inclusion pour les personnes transgenres.

Un autre député conservateur, Elliot Colburn, en charge d’un groupe parlementaire transpartisan consacré aux droits des personnes LGBT , a quant à lui insisté sur le fait que selon s’ils ont reçu une opération de leurs organes sexuels ou non, toutes les personnes transgenres n’ont pas les mêmes besoins en matière d’accès aux soins. Selon lui, la décision de Steve Barclay risque donc de pénaliser certains patients trans.