Vêtue d’un costume vert, en clin d’œil à l’écologie, d’un badge autour du cou et de talons hauts… Grace Stanke, Miss America 2023, enchaîne les conférences sur le climat à Dubaï, où se tient actuellement la COP28. Sur son compte Instagram, la jeune femme de 21 ans filme les réunions et les séminaires auxquels elle participe. La venue d’une gagnante d’un concours de beauté à un tel événement n’est pas habituelle, et pourtant, Grace Stanke s’est déplacée dans un but bien précis : promouvoir l’énergie nucléaire.
Cette grande blonde née dans l’État du Wisconsin, dans la région des Grands Lacs, avait annoncé sa venue aux Émirats arabes unis sur X, le 4 décembre dernier, avant les «25 heures de vol». «Parlons nucléaire à la COP28 !!», a-t-elle écrit, très enthousiaste.
La lauréate du concours de la plus belle femme d’Amérique, par ailleurs violoniste et professionnelle du ski nautique, est une fervente militante de l’énergie atomique. Ingénieure spécialiste de la combustion nucléaire de profession, elle prône le nucléaire comme solution de réduction des émissions de gaz à effets de serre. «Au départ, je me suis surtout intéressée au nucléaire pour contredire mon père [également ingénieur, NDLR] qui ne voyait pas d’avenir dans cette filière», confie l’intéressée au journal L’Express .
Ses études scientifiques, menées dans l’Université du Wisconsin-Madison, lui ont montré «l’importance de cette énergie qui produit 20 % de l’électricité aux États-Unis et 10 % dans le monde», explique-t-elle au média français, avant de questionner: «Pourquoi ne capitalise-t-on pas davantage sur cette technologie? Elle est sûre, fiable et efficace.»
Grace Stanke regrette que cette énergie ne bénéficie pas d’une meilleure popularité. Les Américains restent en effet partagés sur le sujet. Certes, 57 % d’entre eux se disent aujourd’hui favorables à la construction de nouvelles centrales (contre 43 % en 2020), selon une récente enquête du Pew Research Center, citée par L’Express. Mais la population reste nettement plus favorable aux énergies éolienne et solaire qu’au nucléaire. Cette réticence s’explique en partie par l’accident de la centrale de Three Mile Island, survenu en 1979.
Pour lutter contre cette «image négative», la jeune femme mène une croisade sur les plateaux de télévision, les écoles et les congrès internationaux. Depuis le mois de septembre, Miss America a d’ailleurs sillonné l’Europe, telle une rock star en tournée. D’abord à Londres pour la conférence annuelle de la World Nuclear Association, puis à Vienne pour celle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en passant deux fois par Paris, dont l’une pour la World Nuclear Expo, jusqu’au Japon pour visiter plusieurs installations…
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La reine de beauté rendrait même le nucléaire et ses technicités cool et tendance sur les réseaux sociaux. Entre ses posts de podiums, shootings et couronnes, son compte Instagram regorge de vidéos explicatives de comment fonctionne une centrale nucléaire, par exemple.
Elle en a fait sa marque de fabrique. À tel point que certains médias américains, comme le Hindustan Times , la surnomment «Barbenheimer», soit la parfaite combinaison entre Barbie et Oppenheimer.
«Je pense que Barbie est un modèle incroyable pour les jeunes filles. Elle montre que vous pouvez être tout ce que vous voulez. […] Et Oppenheimer, c’est l’un des esprits les plus brillants du 20e siècle. Il était le père de la bombe atomique. […] Il était confronté à de nombreux dilemmes moraux. Et je pense que c’est quelque chose auquel je peux m’identifier en tant qu’ingénieur nucléaire», a-t-elle commenté lors d’une interview sur CNN, vêtue de son écharpe et de sa couronne étincelante fièrement posée sur sa tête.
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À la fin de son mandat de Miss, la jeune femme rejoindra Constellations énergie, une entreprise américaine de production et de distribution d’énergie, à Baltimore aux États-Unis, informe Le Parisien . Elle sera d’une part en charge de question technique, et d’autre part, du plaidoyer à destination du grand public.