Les alertes se multiplient. Selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM), publié jeudi, 93% des Gazaouis sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Et 26% ont épuisé leurs réserves alimentaires, faisant désormais face à des niveaux de faim catastrophiques. «Il existe un risque de famine dans les six prochains mois si la situation actuelle de conflit intense et d’accès humanitaire restreint persiste», explique l’agence.

«Pour de nombreuses familles dans la bande de Gaza, la menace de mourir de faim est déjà réelle», s’alarme de son côté l’Unicef dans un communiqué publié vendredi. Les frappes israéliennes et les combats au sol se poursuivent ce samedi 23 décembre dans l’enclave palestinienne, où la population et les organisations humanitaires réclament depuis plusieurs semaines un accroissement de l’aide. Il devrait prendre effet après l’adoption, vendredi, d’une résolution en ce sens par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Le texte réclame l’acheminement «immédiat» et «à grande échelle» de l’aide humanitaire dans le territoire sous blocus israélien et pilonné par l’État hébreu depuis le 7 octobre, en réponse à l’attaque du Hamas sur son sol qui a fait 1140 morts selon Jérusalem.

Au total, selon le groupe terroriste Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, les opérations israéliennes auraient fait 20.057 morts. Quelque 1,9 million de personnes ont fui leurs maisons, soit 85% de la population, estime de son côté l’ONU. La portée concrète du texte adopté sur le terrain est encore incertaine, puisque l’aide humanitaire, qui entre au compte-gouttes dans la bande de Gaza, est jugée insuffisante pour répondre aux besoins de la population – à 80% dépendante de l’aide humanitaire avant le début du conflit.

«Près de 1,2 million de personnes sont confrontées à des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire aiguë et (…) les seuils de famine pour l’insécurité alimentaire aiguë ont déjà été dépassés», précise l’Unicef. Dans le détail, «tous les enfants de moins de cinq ans» – ils seraient 35.000 – sont exposés à un «risque élevé» de malnutrition sévère et de «décès évitables». «Dans les semaines à venir, au moins 10.000 enfants de moins de cinq ans souffriront de la forme de malnutrition la plus grave», ajoute l’agence onusienne.

Dans un message publié vendredi sur X, le chef de l’Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom affirme que «les gens vendent leurs biens en échange de nourriture». «Quatre ménages sur cinq dans le nord de Gaza et la moitié des ménages déplacés dans le sud passent des journées et des nuits entières sans manger», ajoute-t-il.

Mi-décembre, Israël a été accusé par l’organisation Human Rights Watch d’utiliser la faim contre les civils à Gaza, «ce qui peut constituer un crime de guerre». Le 9 octobre, l’État hébreu décrétait un blocus total sur le territoire palestinien. «Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz (…). Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence», résumait son ministre de la Défense.

Fin octobre, des milliers d’habitants de Gaza ont «fait irruption» dans des entrepôts et des centres de distribution de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) pour s’emparer de farine et de «produits de survie de base». Un communiqué s’inquiétait alors d’un «effondrement» de l’ordre civil.