«Il ne suffit plus de rester chez soi à se lamenter sur ce qui arrive à notre pays, il faut agir». Tel est le message véhiculé par le comité d’organisation de la «National March For Rejoin» qui se tient ce samedi 23 septembre à Londres.
En octobre 2022, des milliers de Britanniques étaient descendus dans les rues de la capitale, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «We want our star back» (Nous voulons retrouver, notre étoile, ndlr), pour faire entendre leur volonté de revenir au sein de l’Union européenne. «Il faudra du temps mais nous continuerons à nous battre jusqu’à ce que nous obtenions des résultats», nous explique Richard Wilson, vice-président du Mouvement européen au Royaume-Uni et membre du comité d’organisation de la «National Rejoin March» (NRM).
Samedi, en début d’après midi, les participants à la National Rejoin March se réuniront à Park Lane, en plein cœur de Londres, et longeront l’emblématique Hyde Park. De nombreux intervenants ponctueront la manifestation, notamment des députés européens tels que le Belge Guy Verhofstadt ou l’Allemande Terry Reintke.
Sept ans après le référendum qui a conduit au Brexit, les militants pro-européens ne perdent pas espoir. «Il est devenu évident pour la majorité des gens que le Brexit est un échec», estime l’organisateur de la manifestation. Il souligne également que si un nouveau référendum sur l’adhésion était organisé aujourd’hui, «86% des personnes âgées de 18 à 25 ans voteraient en faveur d’un retour dans l’Union européenne». C’est ce que montre un sondage réalisé en mai dernier par la chaîne de télévision anglaise ITV nommé «ITV Youth Tracker» auprès d’un échantillon de 1023 personnes.
Une tendance que confirme Philippe Chassaigne, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bordeaux et spécialiste de la civilisation britannique, qui pointe le «réel désenchantement» qu’ont connu les Britanniques qui avaient voté pour le Brexit. «En effet, le Brexit a été très mauvais pour l’économie du pays», ajoute-t-il.
S’il attend de voir combien de Britanniques descendront dans la rue, Philippe Chassaigne assure qu’à court terme «l’impact politique de cette marche est nul», rappelant que «seul le scrutin fait foi». L’actuel premier ministre, Rishi Sunak, était d’ailleurs lui-même un partisan du Brexit, même s’il est de ceux qui souhaitent «entretenir des liens amicaux» avec l’Europe, contrairement à Boris Johnson à l’époque. En l’état, les pro-européens ne se font donc pas d’illusions. «Avec ce gouvernement, c’est cause perdue!», déplore Richard Wilson, qui avec cette manifestation dit «viser tous les partis et notamment les travaillistes», en vue des prochaines élections générales qui se tiendront d’ici janvier 2025.
Les pro-européens parient sur une victoire du parti travailliste aux prochaines élections, dans l’espoir qu’il organise un nouveau référendum. Une issue toutefois «peu crédible», estime Philippe Chassaigne. Le cheminement vers un tel vote serait en effet rendu «très compliqué» par le fort ancrage des courants eurosceptiques au Royaume-Uni et la réticence de l’Union européenne à faire machine arrière.