«Un tremblement de terre» : l’éditorialiste politique de Channel 4, Paul McNamara, n’y va pas par le dos de la cuiller… Il faut dire que les chiffres du sondage dévoilé mardi par la chaîne de télévision britannique s’approchent dangereusement des plus hautes graduations de l’échelle de Richter. Selon cette enquête d’opinion des instituts Findoutnow et Electoral Calculus, les Tories pourraient n’occuper plus que 90 sièges à la Chambre si les élections se tenaient aujourd’hui, et le Labour 461. Des chiffres choc à l’approche des prochaines élections générales, prévues dans le courant de l’année 2024. Une déroute électorale qui verrait, selon ce même sondage, l’opposition travailliste revenir triomphalement au gouvernement dont elle a été évincée en 2010 après la défaite de Gordon Brown, qui est resté à ce jour le dernier premier ministre de gauche au Royaume-Uni.

Dans le détail, ce sondage effectué pendant l’été sur un échantillon représentatif de 11.000 Britanniques montre que si les élections se tenaient aujourd’hui, les conservateurs n’emporteraient que 24 % des voix, contre 46 % pour les travaillistes – le reste étant réparti entre les Libéraux-démocrates, le parti Reform UL, et les Verts. Aux dernières élections générales en 2019, Boris Johnson avait obtenu 45 % des suffrages à la tête des conservateurs, contre 33 % pour les travaillistes.

Mais c’est surtout la projection en nombre de sièges qui a de quoi affoler le premier ministre Rishi Sunak et ses partisans : selon ce sondage, les Tories n’auraient plus que 90 sièges à la Chambre, soit 275 de moins qu’en 2019. Les travaillistes, eux, en auraient 461, soit 258 de plus – et disposeraient donc d’une très solide majorité absolue.

Channel 4 estime également que plusieurs ministres conservateurs pourraient perdre leur siège, à commencer par Rishi Sunak lui-même. Mais aussi le ministre de la défense Ben Wallace, le vice-premier ministre Oliver Dowden… au total, plus d’une quinzaine de ministres actuellement au gouvernement pourraient être évincés.

Les dernières élections locales, qui étaient un premier test pour Rishi Sunak, les Tories avaient effet essuyé de sérieux revers, qui n’ont pas rassuré le parti à l’approche des législatives. Ses résultats en mai n’ont donc pas été glorieux, même s’ils étaient attendus tant la pente à remonter est rude après les dégâts de la fin de l’ère Johnson et du désastreux épisode Liz Truss. Dans ces élections où quelque 8 000 sièges étaient à renouveler dans 230 circonscriptions, le Labour – mais aussi les Libéraux-démocrates et les Verts – avaient profité de l’usure d’un parti aux affaires depuis treize ans.