«Personnes disparues ne veut pas forcément dire otage ou victime». Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s’est-il voulu rassurant ce mardi matin ? Trois jours après le déclenchement d’une attaque en Israël par la branche armée du Hamas, 13 citoyens français sont officiellement portés disparus. Leurs proches n’ont aucun signe de vie.

Le Quai d’Orsay a confirmé au Figaro, ce mardi, être toujours «sans nouvelles de treize compatriotes», dont la situation «est considérée comme très inquiétante» «Certains ont très probablement été enlevés», a ajouté le ministère. Alors que le Hamas a affirmé avoir entre ses mains une centaine d’otages, et le Djihad islamique une trentaine d’autres, «on peut craindre qu’il y ait parmi eux des victimes et/ou otages», a reconnu Olivier Véran sur Franceinfo. De son côté, Emmanuel Macron a affirmé que la France était en «coordination très étroite avec les autorités israéliennes» pour savoir si des Français figurent parmi les otages.

Parmi les disparus français, le plus jeune identifié à ce stade est «un enfant mineur de douze ans», a informé le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué. Il s’agit de Eitan, dont la photo qui circule sur les réseaux sociaux émeut les internautes. Issu d’une famille habitant dans un kibboutz de Nir Oz au sud d’Israël, à quelques centaines de mètres de la frontière avec Gaza, le garçon a été enlevé samedi par des terroristes à moto, avec ses parents et ses deux sœurs.

Ayala Yahalomi, la tante d’Eitan, a confirmé au Parisien que son neveu était bien Français, tout comme sa mère et ses sœurs, âgées de 10 ans et 1 an, qui ont aussi été enlevées à moto. «Sur l’une d’elles se trouvaient la mère d’Eitan et ses deux sœurs(…),sur l’autre, le garçon», a expliqué la tante. Seules les femmes ont réussi à fuir lors d’un arrêt avant le passage de la frontière.

Au lendemain de leur enlèvement, la tante a posté sur Facebook la photo du garçon ainsi que celle de son père, disparu lui aussi, avec cette légende : «Amours de ma vie». La tante ajoute la description des disparus : Ohad, «49 ans, physique musclé, 1,90», et Eitan, «12,5 ans, tout simplement un garçon prodige». «Si quelqu’un les voit dans les hôpitaux ou a des informations. Partagez», implore-t-elle.

Parmi les autres disparus figure la Franco-israélienne Céline Ben-David Nagar. Cette femme de 32 ans, mère d’un bébé de six mois a été surprise par les roquettes du Hamas alors qu’elle rejoignait la rave party électro près de Gaza samedi, où 260 corps ont été retrouvés après l’attaque des terroristes.

Son frère Samuel, qui témoigne sur BFMTV, s’est démené pour la retrouver, appelant les hôpitaux de la zone, en vain. Il raconte que Céline se trouvait dans sa 4×4, à moins d’1 kilomètre de la fête, lorsque les sirènes ont retenti. «Elle est repartie en direction de la maison, c’est là qu’elle a parlé avec son mari (au téléphone NDLR.), elle a dit : il y a des soldats qui viennent nous aider ! Mais c’était pas des soldats, c’était des combattants du Hamas qui leur ont tiré dessus».

«Son mari a retrouvé la voiture hier, complètement mitraillée, a continué le frère, avec la moto du Hamas derrière, du sang du conducteur. Mais aucune nouvelle de Céline». Depuis Israël, son mari a lancé, en pleurs, un message sur BFMTV. «Céline, si tu vois ces images, ta fille Hélie est en bonne santé».

France 3 Provence-Alpes Côte d’Azur a également identifié un jeune homme d’origine marseillaise dans les disparus. Âgé de 25 ans, ce Franco-israélien né à Marseille résidait avec sa famille en Israël depuis plusieurs années. Ses proches ont dit n’avoir aucune nouvelle. Le consistoire israélite de Marseille, qui a dit à France 3 recevoir des informations «au compte-gouttes» sur le jeune homme, refuse de communiquer à ce stade.

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Avidan T., Bordelais de 26 ans disparu depuis dimanche, a finalement été retrouvé mort ce mardi. Selon Meyer Habib, député établi hors de France qui avait alerté sur sa disparition, le Franco-israélien, qui s’était rendu à la rave party dans le désert, a bien été «massacré» par les combattants du Hamas.

Le député Meyer Habib redoute pour sa part que le bilan des victimes françaises n’augmente encore, alors qu’environ 87.000 ressortissants français vivent en Israël, sans compter les touristes.

S’ils s’avèrent être otages, combien de temps dureront les négociations éventuelles pour leur libération ? Le dernier prisonnier Franco-israélien du Hamas, Gilad Shalit, soldat dans l’armée kidnappé en 2006, était resté cinq ans aux mains de ses ravisseurs avant d’être libéré.