Les yeux du monde sont rivés sur Israël. Et la Russie escompte en profiter. Depuis que le Hamas, l’organisation terroriste islamiste palestinienne qui contrôle la bande de Gaza, a lancé, samedi 7 octobre au matin, une offensive en territoire israélien, «le Kremlin exploite [ces attaques] pour diffuser des informations destinées à réduire le soutien et l’attention» des Occidentaux sur la situation en Ukraine, analyse l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW).
Avec cette offensive médiatique, Moscou poursuit plusieurs objectifs : «créer un fossé dans le soutien militaire» à Kiev, détourner les yeux du public occidental de la guerre menée en Ukraine depuis février 2022, démoraliser la société ukrainienne et rassurer les Russes «sur le fait que la communauté internationale ignorera l’effort de guerre» des troupes ukrainiennes.
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Ainsi, plusieurs «sources clés de l’espace d’information russe» concentrent depuis samedi leur couverture sur la situation au Moyen-Orient sans interruption. «Ce qui pourrait avoir un impact sur l’environnement de l’information autour de la guerre en Ukraine dans les jours ou semaines à venir», alerte dans une note publiée le 7 octobre le centre de réflexion,qui publie depuis plus d’un an un compte rendu quotidien très précis sur le conflit ukrainien.
La Russie accuse principalement l’Occident de négliger les conflits au Moyen-Orient «au profit de son soutien à l’Ukraine», observe l’ISW.
«C’est à cela que Washington et ses alliés devraient s’occuper. Le conflit entre Israël et la Palestine dure depuis des décennies, et les États-Unis en sont l’acteur clé», a accusé sur X (ex-Twitter) le vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie Dmitri Medvedev. Et d’ajouter : «Au lieu de travailler activement au règlement palestino-israélien, ces abrutis se sont ingérés dans nos affaires et fournissent aux néo-nazis une aide à grande échelle, dressant les deux peuples étroitement liés l’un contre l’autre. Qu’est-ce qui peut arrêter l’obsession maniaque de l’Amérique d’inciter aux conflits sur toute la planète ?»
Même antienne du côté du ministère russe des Affaires étrangères, qui incombe la responsabilité du conflit actuel aux Occidentaux.
Sur Telegram, le propagandiste russe Sergey Mardan prophétise que «le monde cessera de penser à l’Ukraine (…) et s’emploiera une fois de plus à éteindre le feu éternel au Moyen-Orient».
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D’autres blogueurs ont affirmé, toujours sur la messagerie cryptée, que le Hamas et le Hezbollah utilisaient des «armes et des munitions provenant d’entrepôts ukrainiens». «En raison de la corruption phénoménale du régime de Kiev, même en Israël, peu de gens doutent que les armes que l’Occident a envoyées en Ukraine pour tuer des Russes tuent désormais des Juifs au Moyen-Orient», évoque l’un d’eux.
Des affirmations rapidement démenties par le Centre des médias militaires ukrainien. «En réalité, les Ukrainiens ne pourraient pas le faire, car nos partenaires occidentaux surveillent de près les armes et équipements militaires qu’ils nous fournissent pour lutter contre l’agresseur russe», ajoute la note.
Ce lundi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que la Russie était extrêmement préoccupé par la situation en Israël et dans les territoires palestiniens. Environ un millier de morts sont déjà recensés depuis samedi matin. Plus de 600 personnes ont été tuées en Israël et 2000 blessées, dont 200 sont «dans un état critique», selon des données du gouvernement. Dans la bande de Gaza, 413 Palestiniens dont 78 enfants et 41 femmes ont été tués, ont annoncé les autorités locales, et 2300 blessés.
