La NBA reprend ses droits. Quatre mois après le sacre des Nuggets, vainqueurs de Miami en cinq manches, la saison 2023-24 débute ce mardi. Plus exactement, dans la nuit de mardi à mercredi sous nos latitudes, avec Denver-L.A. Lakers à 1h30 du matin et Phoenix-Golden State, à 4h du matin. Une campagne alléchante à plus d’un titre. «On dit ça à chaque fois, mais cette année, il y a tellement de nouveaux trucs, qu’on va se régaler», salive Chris Singleton, consultant beIN SPORTS, diffuseur de la NBA. Parmi ces «trucs», il y a notamment un grand machin français de 2,24m, du côté de San Antonio. Mais pas que. Tour d’horizon.

Rien n’interdit de le penser. En tout cas, le club de Denver repart avec le même cinq de départ, autour du monstrueux Nikola Jokic et de Jamal Murray. «Je donne toujours crédit et respect au champion sortant. Tant que le titre appartient aux Nuggets, il faudra leur arracher. Mais derrière, il y a des équipes qui s’arment», souligne Chris Singleton. Même son de cloche pour George Eddy, la voix du basket sur Canal  : «Denver a gardé pratiquement la même équipe et a un super vécu collectif. Les Nuggets font forcément partie des favoris». Dont acte.

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Outre Denver, «il y a un tel embouteillage à l’Ouest, avec beaucoup d’équipes qui sont armées, comme Phoenix, avec le trio Durant/Booker/Beal… Quel trio en attaque, s’enthousiasme Singleton. Pas de meneur ? Dans la NBA d’aujourd’hui, ils peuvent monter la balle tous les trois. J’ai presque envie de dire que même Jusuf Nurkic peut le faire (sourire) ! Mais c’est vrai que dans les matches clés, ce joueur créatif peut manquer. Mais il y a une telle force de frappe…» George Eddy, lui, est moins convaincu. Il cite les Suns parmi les favoris en raison de leur talent individuel. Mais… «Je crains un flop à Phoenix. Tout le monde les voit très haut mais ils n’ont ni meneur, ni défense et pas de banc. Tout repose sur les trois superstars, de gros scoreurs. Je crains que ce soit une équipe qui batte les faibles mais qui aura du mal face aux forts qui défendent bien. Même crainte pour Dallas».

Quid des deux clubs de Los Angeles ? Ça dépendra beaucoup de la capacité de leurs stars à démarrer les play-offs en bonne santé. On pense à Anthony Davis côté Lakers, voire LeBron James, qui va avoir 39 ans, et le duo Kawhi Leonard/Pau George chez les Clippers. On suivra avec attention la progression du jeune Thunder de Shai Gilgeous-Alexander, ce dernier ayant fait si mal aux Bleus l’été dernier à la Coupe du monde. Lui et Anthony Edwards (Minnesota), «de jeunes loups qui vont tourner à 30 points par match et dominer», affirme George Eddy. Pour se mêler à la lutte pour le titre, OKC et les T-Wolves devront sans doute attendre. Idem pour Memphis et le turbulent Ja Morant. Malgré le talent de Luka Doncic et Kyrie Irving, Dallas n’a simplement pas les armes.

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À l’Est, l’histoire semble écrite à l’avance. «On peut tabler sur une finale entre Milwaukee et Boston. Ça me paraît assez facile à pronostiquer», note George Eddy. Les deux clubs ont en effet recruté du lourd, avec Damian Lillard chez les Bucks et Jrue Holiday et Kristaps Porzingis aux Celtics. «Giannis Antetokounmpo et Lillard vont être incroyables ensemble», ajoute-t-il, relevant que «les Celtics ont affaibli leur banc. Point d’interrogation. Mais le cinq est très fort». «Les C’s récupèrent Holiday, un joueur qui leur manquait un peu à côté de Jayson Tatum et Jaylen Brown. Porzingis, qui sera l’une des attractions. Jusqu’ici, c’est « Porcelainzingis » (rires) ! S’il tient le coup physiquement, je mettrais même Boston légèrement devant Milwaukee», note Singleton. Et Philadelphie ? Le feuilleton James Harden n’invite pas à la confiance. Miami repart plus ou moins avec les mêmes forces, sans «Dame». Atlanta, Cleveland, Toronto, Chicago et Brooklyn sont loin.

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Numéro 1 de la Draft, «et pas un numéro 1 normal» dixit Vincent Collet, Victor Wembanyama visera logiquement le titre de Rookie de l’année. Ce serait une première pour un Français. Attention à Chet Holmgren (OKC), drafté l’an dernier mais qui n’a pas joué en 2022-23. D’autant qu’il évoluera dans une équipe a priori plus performante… Scoot Henderson (Portland) aimerait se mêler à la lutte. À voir si «Wemby» peut briguer une place au All Star Game dès sa première saison. Collectivement, les Spurs seraient déjà bien contents de jouer le play-in. «Ce serait une réussite inouïe», jure George Eddy. «J’y crois», lance-t-il, rappelant que San Antonio peut encore se renforcer. A moins qu’ils prennent leur temps. «Je les vois candidats au maintien, rigole Singleton. Malgré son impact, Wembanyama ne va pas les mettre au-dessus de Phoenix, Denver… Modestement, leur premier objectif est de dire : « si on accroche le play-in, ce sera super »». Pour le titre, il y a du boulot, beaucoup de boulot… San Antonio était dernier à l’Ouest en 2022-23.

À l’image de la Leaders Cup en France, la NBA s’est dotée d’un tournoi de mi-saison, avec une phase de groupes (6 groupes de 5 équipes) – dont les résultats compteront pour la saison régulière – à partir du 3 novembre. Les 30 franchises seront concernées. Les six premiers plus les deux meilleurs deuxièmes verront les quarts, et les quatre derniers clubs en lice iront à Las Vegas, du 7 au 9 décembre (demies et finale), avec un joli trophée et 500.000 dollars à la clé pour le vainqueur. «Je vais commencer par être fan et on va voir comment ça se passe. Quand le play-in a été introduit, il y avait des septiques.. Or, je peux vous dire que ça a sauvé nos saisons, parce qu’il y avait de l’enjeu jusqu’au bout. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que ça fait l’unanimité. J’ai très envie de voir comment ça peut redynamiser tout cela. Dans tous les cas, il faut avancer», explique Singleton.

Longtemps abonnée à Londres pour des raisons pratiques et linguistiques, la NBA s’est invitée à Paris dès 2020 pour y proposer un match de saison régulière, Milwaukee-Charlotte (avec Nicolas Batum). Privé de bonbon en 2021 et 2022, Covid oblige, le public parisien a eu droit à un duel entre Chicago et Detroit (avec Killian Hayes) cette année. Et en 2024 ? Pas de joueur français à l’affiche. L’Accor Arena sera le théâtre d’un match opposant les Nets de Brooklyn, emmenés par Mikal Bridges, Cam Johnson et Spencer Dinwiddie, aux Cleveland Cavaliers de Donovan Mitchell. Deux clubs éliminés au premier tour des play-offs la saison passée. Pas des prétendants au titre, mais deux équipes intéressantes.

On retrouvera 14 Français sur la ligne de départ en NBA cette saison, certains étant titulaires d’un contrat deux-voies et donc appelés à naviguer entre la grande ligue et la G-League. Outre «Wemby», il y a les habitués, et notamment le triple meilleur défenseur de la NBA Rudy Gobert (Minnesota), une «star confirmée» dixit George Eddy, qui estime d’ailleurs que les T-Wolves ont «une belle carte à jouer». «Pour Nicolas Batum, on peut penser qu’il jouera moins aux Clippers, lui qui est dans sa dernière saison. Evan Fournier, lui, ne joue pas du tout à New York. Son temps de jeu en présaison ? Ça ne veut rien dire. Tom Thibodeau (le coach des Knicks, NDLR) ne compte absolument pas sur lui», jure-t-il encore.

On suivra avec attention l’évolution de Bilal Coulibaly, révélation de la saison dernière en France avec les Mets et «deuxième grand talent de cette génération» après Wembanyama selon George Eddy. «Il est déjà considéré comme leur meilleur défenseur de Washington et devrait avoir beaucoup de temps de jeu dans cette équipe en reconstruction, ce qui devrait lui permettre de progresser très vite, devine-t-il. Après, il y a beaucoup de points d’interrogation. Par exemple, est-ce que Kylian Hayes va enfin éclore à Detroit. Est-ce que Sidy Cissoko va jouer à San Antonio et Ousmane Dieng, à OKC ? Ce sont des joueurs qui ont un potentiel mais aucune garantie…» Citons aussi Olivier Sarr (OKC), Théo Maledon (Charlotte), Rayan Rupert (Portland), Malcolm Cazalon (Detroit), Moussa Diabaté (L.A. Clippers). Forfait pour le Mondial, Frank Ntilikina (Charlotte) s’est re-blessé.

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Avec plus de 51,9 M$, Stephen Curry arrive en tête de liste. D’ailleurs, «ses» Warriors ont la plus grosse masse salariale de la ligue, la seule au-delà des 200 M$. Kevin Durant (Phoenix, 47,7 M$), LeBron James (L.A. Lakers, 47,6), Nikola Jokic (Denver, 47,6) et l’ex-futur joueur de l’équipe de France Joel Embiid (Philadelphie, 46,9) complètent le Top 5. Avec 41 M$, Gobert apparaît en 13e position. À noter que le Celtic Jaylen Brown a signé cet été le plus gros contrat de l’histoire de la NBA, une extension de 304 M$ sur cinq ans (2024-29).

De 1951 à 2017, le All Star Game a donné lieu à des affrontements Est-Ouest. Changement de décors à partir de 2018, les deux joueurs récoltant le plus de votes ayant la responsabilité de désigner leurs coéquipiers d’un jour. Evoquant des «changements potentiels de format à Indianapolis», le grand patron de la NBA, Adam Silver, a laissé la porte ouverte à cette hypothèse. «Historiquement, c’était Est contre Ouest. C’est peut-être quelque chose que nous envisageons», a-t-il dit.

La prochaine Draft ne fait pas (encore ?) saliver les scouts. La cuvée 2024 est en effet annoncée comme l’une des moins fortes de ces dernières années, avec aucun nom qui se détache pour le premier choix. Plusieurs Français jouissent toutefois d’une jolie cote, même si aucun d’entre eux n’a le potentiel de «Wemby». On pense d’abord à Zaccharie Risacher. Sous contrat à l’Asvel mais prêté à la JL Bourg, le fils de l’ex-international Stéphane Risacher a régulièrement été annoncé dans le Top 3 de la Draft 2024. Frère du NBAer Olivier Sarr, Alex Sarr (Perth) grimpe quant à lui à vitesse grand V dans les charts des sites spécialisés. À voir si Tidjane Salaün (Cholet) peut aussi jouer les premiers rôles à la Draft 2024.