La société de gestion d’espaces culturels Culturespaces pourra finalement continuer d’exploiter le site des Carrières des lumières aux Baux-de-Provence. Ce mardi, le Conseil d’État est revenu sur sa décision de mettre fin à la délégation de service public de l’entreprise dans ce haut lieu touristique du sud de la France. Cet arrêt est «pour nous une grande joie et un grand soulagement», cela signifie que «le contrat peut aller jusqu’à son terme» en 2027, a réagi auprès de l’AFP Étienne Devic, directeur des Carrières des lumières pour Culturespaces aux Baux-de-Provence, village du massif des Alpilles.
Le 28 novembre 2022, la cour administrative d’appel de Marseille avait mis un terme à la convention de délégation de service public conclue en 2010 entre la mairie des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône), commune cossue d’environ 400 habitants dans le sud de la France, et la société privée Culturespaces pour la gestion des Carrières des lumières, qui accueillent quelque 700 000 visiteurs par an.
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Ce contrat devait être résilié le 1er novembre 2023 afin que la commune ait le temps de trouver un nouveau prestataire pour le site, dont elle est propriétaire. «Je suis excessivement soulagée de cette décision» qui est «sage et juste», a indiqué pour sa part à l’AFP la maire des Baux-de-Provence, Anne Poniatowski. «Non seulement on va pouvoir avancer plus sereinement sur la commune des Baux-de-Provence», mais aussi «sur tout le territoire des Alpilles» qui bénéficie des retombées économiques générées par les Carrières des lumières. «Un an avant la fin de la délégation de service public, on relancera un appel d’offres comme il se doit pour la suite», a-t-elle ajouté.
La cour administrative d’appel de Marseille avait été saisie par la société Cathédrale d’Images qui, avant d’en être évincée, avait aménagé et géré pendant 35 ans des spectacles de vidéoprojection au milieu de ces anciennes carrières de calcaire, où Jean Cocteau tourna Le Testament d’Orphée.
Cathédrale d’Images contestait l’attribution de la gestion du site à Culturespaces, estimant que cette société spécialisée notamment dans les expositions immersives et devenue depuis une référence mondiale dans son domaine, avait à l’époque obtenu le marché public aux Baux-de-Provence grâce à des avantages anticoncurrentiels. Dans son arrêt du 24 octobre, le juge administratif suprême décide toutefois d’annuler l’arrêt du 28 novembre 2022 de la cour administrative d’appel de Marseille et de rejeter la requête présentée par la société Cathédrale d’Images devant cette instance.
Le Conseil d’État estime en effet que la société Cathédrale d’Images n’a pas apporté la justification qu’elle avait été «lésée dans ses intérêts de façon suffisamment directe et certaine par la poursuite de l’exécution de la convention de service public conclue le 23 avril 2010». «La demande qu’elle a présentée devant le tribunal administratif de Marseille n’est ainsi pas recevable et sa requête d’appel doit, par suite, être rejetée», conclut-il.
Cathédrale d’Images devra en outre verser 3000 euros à la société Culturespaces et une somme équivalente à la commune des Baux-de-Provence. Dans un autre volet de cette bataille judiciaire qui dure depuis plus de dix ans, Culturespaces a été condamnée en février pour «recel de favoritisme» dans l’obtention du marché des Carrières des lumières par la 11e chambre correctionnelle de Paris. L’entreprise a fait appel de cette décision.