Séance cauchemardesque pour Worldline. L’action du spécialiste des paiements a dégringolé de près de 60% mercredi à la Bourse de Paris, après que le groupe a nettement revu en baisse des perspectives financières lors de l’annonce de ses résultats trimestriels.
L’action a terminé à 9,42 euros, soit 59,24% plus bas que son prix de mardi à la clôture. Le cours est près de neuf fois inférieur à son pic de juillet 2021, au-delà des 80 euros, et évolue à son plus bas niveau depuis l’introduction en Bourse de l’entreprise, ancienne filiale d’Atos, en 2014.
Le spécialiste français des paiements électroniques Worldline a connu une séance pour le moins difficile en Bourse mercredi après avoir revu à la baisse ses objectifs financiers pour 2023, invoquant «la conjoncture mondiale (qui) a commencé à se détériorer, en particulier en Allemagne». Le petit poucet du CAC40 a chuté de 59,24% à 9,42 euros, à son plus bas niveau historique depuis son introduction en Bourse en 2014.
Le groupe, qui a réalisé au troisième trimestre un chiffre d’affaires en hausse de 4,8% sur un an à périmètre et taux de change constants, à 1,18 milliard d’euros, vise désormais une croissance organique de son chiffre d’affaires de 6% à 7% en 2023, contre 8% à 10% précédemment. En publié, la croissance du chiffre d’affaires s’est élevée à 2% sur un an au troisième trimestre, Worldline abaissant ses objectifs de marge et de trésorerie disponible pour 2023.
Face au ralentissement économique que connaissent certains pays où Worldline exerce, et en particulier l’Allemagne, les consommateurs ont diminué leurs dépenses pour les biens jugés non indispensables, ce qui se répercute sur la croissance et la rentabilité du spécialiste des paiements, dont la rémunération dépend notamment du nombre et du montant des transactions.
C’est «bien pire que prévu : prévisions pour 2023 révisées à la baisse, objectifs pour 2024 abandonnés», ont résumé les analystes de Stifel dans une note, tandis que ceux d’Oddo ont souligné qu’«au-delà des craintes macroéconomiques, la fin de certains contrats avec des commerçants en ligne pourrait nourrir le sentiment que Worldline perd des parts de marché».
«Face à la montée générale de la cybercriminalité, à l’émergence de nouveaux comportements frauduleux et au durcissement des directives réglementaires et contraintes de marché», le groupe a également cessé ses services «auprès de certains commerçants pour lesquels les coûts associés et les risques potentiels n’étaient pas compatibles» avec ses nouvelles exigences.
La valeur de l’entreprise a quasiment été divisée par neuf depuis son pic de juillet 2021, à plus de 80 euros. Dans le détail, le chiffre d’affaires des services aux commerçants, l’activité phare du groupe, s’est élevé à 868 millions d’euros ( 4,8% sur un an) au troisième trimestre, tandis que celui des services financiers a baissé de 3,7% à 232 millions d’euros, et celui des services web transactionnels de près de 9% à 81 millions d’euros.
Dans ce contexte, et «pour faire face avec succès à cet environnement temporaire», il vise 200 millions d’euros d’économies à partir de 2025. Les contours précis de ce plan doivent encore être définis et aucun détail n’a été communiqué, sur d’éventuelles suppressions de postes notamment.
Il devrait toutefois reposer sur quatre piliers, selon le directeur général Gilles Grapinet, qui s’est exprimé lors d’un point presse : «la transformation des produits», «l’optimisation technologique», «l’amélioration de l’organisation» et la «rationalisation» des approvisionnements. Le coût de mise en œuvre de ce programme d’économies, qui doit débuter en 2024 pour atteindre 200 millions d’euros par an dès 2025, pourrait atteindre 250 millions d’euros.
Le directeur général est également revenu sur la panne de ce week-end, qui a touché «plusieurs dizaines» de grandes enseignes durant «une cinquantaine de minutes». «Je n’ai aucun souvenir, en près de dix ans que je dirige Worldline, que nous ayons eu une panne de ce genre» qui «reste absolument exceptionnelle», a-t-il déclaré. «Il va de soi que nous sommes à 100% mobilisés pour s’assurer que ça ne se reproduira jamais», a ajouté Gilles Grapinet.