Victor Wembanyama, première ! Un peu plus de quatre mois après son arrivée en NBA, et sa sélection au premier rang de la Draft, le prodige de 19 ans faisait ses premiers pas avec San Antonio la nuit dernière, contre Dallas, dans un Frost Bank Center à guichets fermés. La Summer League et la présaison, c’est une chose. Là, c’était son premier match de saison régulière. Une curiosité. Les diffuseurs américains ne s’y sont pas trompés : San Antonio-Dallas était diffusée sur ESPN. L’un des 19 matches des Spurs à la télé nationale cette saison, contre un seul en 2022-23. L’effet «Wemby».

L’histoire retiendra que le géant francilien (2,24m), arrivé tout de noir vétu dans une salle électrique et toute acquise à sa cause, a perdu son premier match contre les Mavs (119-126) de Luka Doncic (33 pts, 14 rbs, 10 pds) et Kyrie Irving (22 pts). Sous les yeux de sa sœur Eve et de son papa Felix, l’international tricolore (4 sél.) des Spurs a pour sa part terminé avec 15 points (dont 9 dans le 4e quart) à 6/9 aux tirs (3/5 à 3 pts), 5 rebonds, 2 passes, 2 interceptions et 1 contre en 23 minutes. Il a aussi commis 5 pertes de balle. Surtout, il a jonglé avec les fautes (5). Longtemps cantonné à évoluer en périphérie, par sa faute mais aussi (et surtout ?) celle de ses coéquipiers qui l’ont mal servi, il a enfin été abreuvé à l’intérieur dans le dernier quart. Trop tard… Première en demi-teinte. Inquiétant ? Évidemment non. Ce n’est qu’un match. Il en reste 81. Le prochain vendredi. «Ca a été beaucoup d’émotions, ça aurait été parfait de gagner. J’ai peut-être voulu trop bien faire», a-t-il avoué, précisant qu’il n’était «pas stressé».

Associé à Sochan, Vassell, Johnson et Collins dans le cinq de départ, Wembanyama se montrait d’abord dans le registre défensif, avec un contre sur Irving, dans un match «gruyère time», comme dirait George Eddy. Après un premier échec de loin, le Français convertissait sa deuxième tentative, en tête de raquette. «Wemby» avait toutefois un peu de mal à se situer, ou ses coéquipiers à le trouver. Rien dans la raquette. Quelques erreurs aussi, comme cet oubli défensif sur une aide. Popovich le remplaçait avec 6’57 à jouer. Ses coéquipiers faisaient néanmoins la course en tête. Retour de «Wemby» avec 2’25 à jouer, le temps de marquer de loin, sur le côté cette fois, et… de prendre sa deuxième faute, une faute bête sur une contre-attaque adverse et dans la dernière minute. Pas malin (43-36 fin 1er QT)…

Pleine d’enthousiasme et de fougue, cette jeune équipe de San Antonio continuait de mener alors que Doncic montait en régime. Wembanyama revenait aux affaires à 8’45 de la pause, avec un échec de loin, un oubli défensif, des mauvais choix. Il rentrait un nouveau trois points… annulé à cause d’une faute d’un coéquipier. Pendant ce temps, Dallas était revenu (52-52). Le Français sortait à 58-56 avec 3’12 à jouer alors que son équipe venait d’entamer un 12-0. Finalement, 68-64 à la pause, avec 6 points, 3 rebonds, 1 passe, 1 interception et 1 contre en 12 minutes (2 fautes) du Français. Cinq joueurs à dix points et plus, Doncic (16) et Hardaway Jr (15) côté Dallas, Vassell (15), Johnson et Sochan (10) pour les Spurs.

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Si «Wemby» avait du mal, c’est notamment à cause de Grant Williams (17 pts). Certes, l’ancien des Celtics rend une bonne vingtaine de centimètres au «Frenchy» (1,98m). Tout dans l’intensité, le combat, l’agressivité. Il faisait sortir «Wemby» de ses gonds, de son match : balle perdue et faute offensive en une poignée de secondes. Wembanyama était de nouveau sanctionné sur un écran mal posé en attaque, face à Jones Jr. Quatrième faute, retour sur le banc pour les dernières 8’37 d’un troisième quart en mode chassé-croisé au score. Dallas en pole à l’entame du quatrième (91-96), malgré les 19 points de Vassell. Déjà 28 points, 11 rebonds et 8 passes pour Doncic, injouable.

«Wemby», lui, tentait de faire bonne figure sur le banc, encourageant ses partenaires. La bonne attitude. Retour aux affaires à l’entame des 12 dernières minutes. Pour 26 secondes. En aide, il accrochait Doncic. Les mains sur les hanches, le regard sombre, il regagnait le banc et réendossait donc ce rôle de premier fan, alors que Johnson (17 pts) sortait de sa boîte et redonnait de l’espoir aux 18.947 spectateurs du Frost Bank Center (101-100).

Mais Dallas repartait de plus belle (103-108). Le moment que choisissait Popovich pour relancer Wembanyama, à 7’12 du buzzer final. Retour tout feu tout flamme. Trois minutes de folie. Dunk sur un service de l’excellent Vassell (23 pts), rebond, trois points, encore un dunk… L’alien français démarrait enfin son match. Il rentrait encore un «jumper» à mi-distance, sur le museau de son nouvel ami Williams (115-115). Ses deux possessions suivantes étaient moins bien négociées, avec une perte de balle et un tir forcé devant Williams. Il gérait en tout cas bien ses problèmes de fautes et San Antonio était encore devant à l’entame des deux dernières minutes (119-118). Las, Irving rentrait cinq points de suite sur deux «assists» de Doncic, alors que les Spurs accumulaient les bourdes et oubliaient de nouveau «Wemby». Doncic donnait l’estocade avec 30 secondes au chrono, rideau (119-126 score final).

Victor Wembanyama et ses coéquipiers n’auront pas le temps de gamberger : ils remettent le couvert vendredi (dans la nuit de vendredi à samedi, 2h du matin), toujours à San Antonio, avant de disputer cinq de leurs six matches suivants loin du Texas. «J’apprends pour un premier match, note le Français. Perdre, je déteste, mais ça fait partie du jeu. On a faim pour le prochain match, on veut vraiment commencer notre saison avec le plus de victoires possible».