«Tout faire pour éviter les drames». Au départ dimanche de la 16e Transat Jacques-Vabre, et à l’arrivée deux semaines plus tard en Martinique, les organisateurs ont pris des mesures de sécurité pour éviter que le tragique accident de la Route du Rhum 2022 ne se reproduise.

«On ne peut pas faire comme s’il ne s’était rien passé», explique à l’AFP Gildas Gautier, directeur de la Transat Jacques-Vabre, célèbre transatlantique en double, qui s’élance tous les deux ans du Havre depuis 1993.

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Un an après le chavirage d’un bateau invité qui suivait le vainqueur de la Route du Rhum dans les derniers milles en Martinique, entraînant la mort de deux de ses occupants, une nouvelle flotte de plus de 90 voiliers de course s’apprête à prendre le large au Havre.

«L’enquête n’a pas abouti encore et les règles posées par la Direction de la Mer n’ont pas changé concernant la course au large. Mais on applique, pour nous-mêmes, le principe de précaution», avance M. Gautier.

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Pour lutter contre le chaos au départ, «on a fait en sorte qu’il y ait moins de bateaux VIP sur l’eau», avance Gildas Gautier. Les preneurs d’image photo et vidéo seront tous regroupés sur une seule et même vedette.

Les pilotes transportant les médias et les partenaires auront tous l’obligation d’assister à un briefing. «Ce sont des gens qui savent comment se comporter et ils ont interdiction de rentrer sur le parcours», détaille l’organisateur de course.

Enfin, les départs des quatre catégories de voiliers engagés sur la course seront donnés par vagues de douze minutes pour éviter l’effet de masse et une «fan zone nautique» a été mise en place: un périmètre restreint où devront se regrouper les plaisanciers désireux d’observer les navires.

«On cherche à limiter les populations qu’on peut maitriser», dit M. Gautier. Mais même avec ces mesures dimanche, le plan d’eau est susceptible d’être encombré.

Ces dernières années, l’intérêt et le nombre de participants pour les trois grandes compétitions hauturières (Vendée Globe, Route du Rhum, Transat Jacques-Vabre) a considérablement augmenté et, avec, les risques d’accidents au départ et à l’arrivée.

«On est face à une vraie problématique. Les entreprises qui engagent un budget veulent à juste titre avoir des images à exploiter à la clef et cela nécessite de mobiliser des moyens sur l’eau. On doit pouvoir continuer à faire rêver, mais cela passera forcément à l’avenir par plus de contraintes», envisage Gildas Gautier.

«C’est malheureux à dire mais ce qui s’est passé sur le Rhum était presque inéluctable. A Saint-Malo, on était 138 voiliers de course et des dizaines de bateaux invités sur l’eau, c’est toujours périlleux», confie un skipper chevronné, qui a requis l’anonymat.

En Guadeloupe, le 16 novembre 2022, il faisait noir à l’approche du maxi-trimaran de Charles Caudrelier et un bateau à moteur, pas autorisé à naviguer en pleine nuit selon plusieurs médias locaux, est tout de même sorti avec à son bord plusieurs VIP.

«Un manque de visibilité, des bateaux de course qui vont plus vite et sont donc plus difficiles à suivre, des pilotes de vedettes pas forcément formés, c’est une accumulation de facteurs de risques qu’il faut éviter à tout prix», estime un autre navigateur habitué des transatlantiques.

A l’arrivée en Martinique autour du 12 novembre, la zone autorisée pour suivre les marins sera réduite et, si les conditions sont mauvaises, la course se réserve le droit d’empêcher à tous les bateaux suiveurs de s’y rendre.