En à peine un an, Amine Harit est passé par toutes les émotions. Victime d’une rupture du ligament croisé le 14 novembre 2022, sur la pelouse de Monaco, le milieu offensif de 26 ans n’a pas tardé à rejouer les premiers rôles à l’Olympique de Marseille. Après le déchirement que représente un forfait pour la Coupe du monde au Qatar, marquée par le parcours historique de sa sélection marocaine jusqu’en demi-finale, et de longs mois sans fouler les terrains de Ligue 1, l’ancien Nantais retrouve toutes ses sensations depuis plusieurs semaines. Son nouvel entraîneur, Gennaro Gattuso, lui accorde son entière confiance et semble lui donner les clés du jeu marseillais. Le collectif phocéen s’appuie sur les qualités atypiques du Marocain, qui devrait à nouveau démarrer titulaire au stade Vélodrome, ce dimanche (20h45) face à l’OL, lors d’un «Olympico» capital.

Arrivé fin septembre sur les bords de la Méditerranée, Gattuso a remis dans l’ordre dans la maison marseillaise, malgré des résultats encore mitigés (deux victoires, deux défaites et un nul en cinq matchs). En rupture tactique avec son prédécesseur Marcelino, l’entraîneur italien a opté pour un 4-2-3-1, modulable en 4-3-3, qui fait la part belle à Amine Harit, titularisé à chaque rencontre depuis son entrée en jeu dès le début de la seconde période à Monaco (2-3). Tout sauf un hasard pour celui qui a déjà conquis son coach. «C’est un joueur qui doit jouer dans l’axe et au milieu du terrain pour revenir vers l’intérieur du jeu. Il a une capacité sur un contrôle à être en supériorité numérique face à l’adversaire, analysait Gattuso, sous le charme, avant de défier Nice (0-1) samedi dernier. Il a la vision de jeu des plus grands joueurs. Il a une capacité innée que lui a donnée le bon Dieu. Il trouve toujours une solution quand il est pressé».

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Déjà auteur de trois passes décisives en Ligue Europa, le Lion de l’Atlas a confirmé sa grande forme du moment en inscrivant un pénalty décisif face à l’AEK Athènes (3-1), jeudi, quelques jours seulement après avoir débloqué son compteur en sélection contre le Libéria (2-0). Revenu rapidement à un haut niveau physique, en dépit de sa grave blessure qui condamne certaines carrières professionnelles, le numéro 11 marseillais tire avantage de son profil unique au sein de l’effectif. «C’est un joueur différent. Il pourrait me faire penser à Kaka, mais Kaka avait une foulée qui était différente et ne dribblait pas autant, a osé son entraîneur « Ringhio », qui en a vu passer des meneurs de jeu d’exception dans la grande époque de l’AC Milan. «Rui Costa dribblait peut-être plus. Ce qui le définit, ce qui le rend unique, c’est vraiment sa première touche». Cette première touche, très souvent vers l’avant, lui a notamment permis d’offrir un caviar à Pierre-Emerick Aubameyang face au Havre (3-0) au terme d’une course de 30 mètres. Sur la bonne voie, l’ancien dribbleur de Schalke 04 reste tout de même perfectible, à l’image de l’OM dans son ensemble.

Son technicien l’a dit, Harit doit «jouer dans l’axe». Contre Athènes, il y a trois jours, le joueur formé au FC Nantes a pourtant été excentré à gauche, la faute au retour de Geoffrey Kondogbia aux côtés du tandem Jordan Veretout-Valentin Rongier dans l’entrejeu. Toujours attiré par le ballon, il ne s’est pas contenté d’évoluer sur son aile, laissant de l’espace à son latéral Renan Lodi. Reste à savoir maintenant si le staff olympien ira au bout de ses intentions, en assurant une position axiale au Marocain, en relayeur ou numéro 10. Cela viendra peut-être avec le temps. «Il doit encore s’améliorer défensivement et physiquement», a promis Gattuso. «Il a une grande marge de progression. S’il améliore son accélération et sa puissance, il deviendra vraiment un joueur incroyable».

Avant de participer, sauf surprise ou pépin de dernière minute, à la Coupe d’Afrique des Nations avec son pays en janvier prochain, Harit semble à nouveau épanoui dans le jeu offensif de l’OM, qui ne demande qu’à s’améliorer au fil des rencontres. Ce dimanche, lors du choc des Olympiques, une nouvelle occasion de briller se présente à lui, dans un grand rendez-vous malgré la crise de résultats des deux clubs en Ligue 1. Chouchou de son entraîneur et des supporters du Vélodrome, le meilleur passeur olympien retrouve une explosivité nécessaire pour déséquilibrer les défenses. «Un Lion ne meurt jamais» a titré l’OM, diffusant un documentaire en trois épisodes sur la rééducation de son joueur ces derniers mois à la Commanderie. Pas de doute, le football d’Harit est bel et bien vivant. Et c’est tout Marseille qui en profite.