Quel bilan faites-vous de cette Coupe du monde ?Siya Kolisi : Lors de la dernière Coupe du monde, le pays était plein d’espoir et se disait qu’il était possible de faire quelque chose. Mais après la victoire, on a compris que cette équipe était immense. Beaucoup de choses ont été écrites sur notre pays. Pour nous, c’est un privilège, pas une pression. On peut inspirer plein de gens au pays, pas seulement des sportifs. On vient tous de milieux différents. Personnellement, j’avais mes raisons de jouer au rugby et on avait chacun les nôtres, mais notre pays, c’est ce qui nous unit. Il faut être un Sud-Africain pour comprendre ça. Quand on s’unit, qu’on travaille tous pour le même objectif, on donne tout. Avoir des objectifs sans travailler dur, ça ne sert à rien. C’est merveilleux pour nous d’être là.
Qu’avez-vous ressenti lors du carton rouge de Sam Cane ?Ce n’est jamais facile pour un joueur de prendre un carton. On savait qu’ils reviendraient plus forts. Nous en avons parlé à la mi-temps et c’est ce qu’ils ont fait.
Avez-vous eu peur que votre carton jaune se transforme en rouge ?J’ai eu peur. Mais en regardant la vidéo, on voit que je change de niveau, c’était donc un mouvement secondaire. C’était difficile et désordonné, mais nous avons déjà connu ce genre de situation et j’ai fait confiance à mes coéquipiers. Quand je suis revenu, j’ai tout donné.Quelle différence entre le titre de 2019 et celui de 2023 ?Je dirais que le parcours de cette année était plus difficile. On le savait depuis le tirage au sort. Jacques (Nienaber) et Rassie (Erasmus) nous l’ont toujours dit. Les grandes choses ne s’obtiennent jamais dans des conditions idéales. On a joué le pays hôte, on a joué une Angleterre difficile. La motivation est venue de chez nous et de nos familles. Les entraîneurs ont créé un environnement qui nous permet d’être avec nos familles, où que nous soyons, comme si nous étions chez nous. Il y a 15 à 20 enfants qui courent dans l’hôtel… C’est l’une des plus belles choses qu’ils aient pu faire pour nous. Des gens d’Afrique du Sud, certains de nos amis, ont dépensé leurs économies pour venir nous voir. Si je ne me donnais pas à 100 % sur le terrain, je tromperais tous ces gens et c’est ce que les entraîneurs nous rappellent toujours. Pour nous motiver, nous n’avons pas besoin de chercher bien loin.
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Pieter-Steph du Toit a réalisé un grand match aujourd’hui…Il a tellement progressé. Par moments, il me passait à côté pour aller plaquer. Il a été super motivant. Ce qu’il peut faire sur le terrain et ce qu’il apporte en tant que leader, c’est fou. Il est souvent là pour motiver l’équipe et ses actes sont toujours à la hauteur de ses mots.
Quel rôle ont joué vos entraîneurs ?Je n’arrive pas à croire ce que nous avons accompli aujourd’hui. L’équipe d’entraîneurs a été extraordinaire. Je travaille avec Jacques (Nienaber) depuis que j’ai 17 ans. Je ne savais pas plaquer. Quand lui et Rassie (Erasmus) venaient à l’entraînement, c’était du contact à fond. Il fallait montrer qu’on était capable de le faire. Depuis, il nous motivait pendant les matches. Nous avons grandi à ses côtés – moi, Frans (Malherbe), Steven Kitshoff et Pieter-Steph (du Toit). Comme je l’ai dit la semaine dernière, il s’intéressait à nous en tant que personnes. Il nous a demandé si nous allions laisser tomber notre fille ou notre fils. C’est devenu bien plus profond qu’un simple match de rugby. Jacques, honnêtement, c’est un grand honneur pour moi et un grand privilège. (Il se tourne vers lui) Ta femme, tes enfants…, je vous apprécie. Nous t’aimons, pas seulement en tant qu’entraîneur, mais aussi en tant que personne. Tu me parles en tant que personne, en tant que père, en tant que mari, en tant que fils, cela va tellement loin que je te remercie.