Un colosse au-dessus de la mêlée. Dans leur quête d’une quatrième couronne planétaire, les Springboks ont pu compter sur Pieter-Steph du Toit, auteur d’une performance majuscule en finale contre les Néo-Zélandais (12-11). Dans un match cadenassé, étouffant, le troisième-ligne a été au cœur du combat, présent aux quatre coins du terrain. Découpant tout ce qui se présentait devant lui, pour finir avec un total hallucinant de 28 plaquages, seulement trois manqués. «Il a été énorme, je n’ai pas les mots, a salué son sélectionneur Jacques Nienaber. La défense, c’est mon domaine et franchement, il a été exceptionnel. Comme tous les joueurs, il voulait gagner. Il disait même que même si un sac plastique arrivait sur le terrain, il l’aurait chassé…»

Retour au premier plan pour celui qui avait été impressionnant et décisif il y a quatre ans au Japon. Logiquement, il avait été élu meilleur joueur du monde. Lors de cette édition, il semblait avoir perdu, un peu, de son abattage mais il s’est réveillé au meilleur moment. Celui qui compte. «C’est un honneur et un privilège de jouer pour cette équipe, a-t-il sombrement confié. Les trois derniers matchs ont été difficiles, on les a tous joués comme une finale et on a gagné d’un point à chaque fois (contre la France, l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande, NDLR). On est heureux d’avoir gagné.»

Alors que l’une des grandes forces de l’Afrique du Sud est de procéder, tôt dans la seconde mi-temps, à un large coaching, le flanker géant (2 m pour 115 kg) a tenu le choc pendant 80 minutes. Sans baisser de pied. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 27 m gagnés en 5 courses, 2 franchissements, un turnover gagné et deux touches glanées.

Même concert de louanges de la part de son capitaine et coéquipier de la troisième ligne, Siya Kolisi : «Il a tellement progressé. Par moments, il me passait à côté pour aller plaquer. Il a été super motivant. Ce qu’il peut faire sur le terrain et ce qu’il apporte en tant que leader, c’est fou. Il est souvent là pour motiver l’équipe et ses actes sont toujours à la hauteur de ses mots.» Si le terme «résilience» est désormais utilisé à tort et à travers dans le milieu du sport, il s’applique sans hésiter – et concrètement – pour évoquer ce qu’a traversé le flanker des Boks.

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En 2020, Pieter-Steph du Toit avait en effet failli perdre une jambe. Il jouait à l’époque pour les Stormers du Cap et lors d’un match de Super Rugby contre les Auckland Blues (NZ), il avait dû quitter le terrain, touché à la jambe. Très rapidement, le staff s’était rendu compte que la blessure était beaucoup plus grave que prévu. «Il avait un hématome qui est devenu un syndrome du compartiment aigu, avait expliqué le médecin des Stormers. C’est incroyablement rare, il n’y a eu que 43 cas recensés à travers le monde. C’est une urgence médicale parce que, si vous ne le traitez pas assez rapidement, la jambe n’est plus irriguée en sang et le risque d’amputation devient élevé.» Opéré en urgence, Du Toit avait évité le pire… Et il n’avait été absent des terrains que trois mois.

Depuis, il s’est exilé au Japon chez les Toyota Verblitz. En préretraite ? C’est ce que l’on pouvait imaginer mais il a prouvé ce samedi qu’il restait l’un des joueurs les plus décisifs de la planète rugby. «Dans notre équipe, on aime bien le « drama », cela nous a aidés à avancer et on a bien vu la résilience de toute l’équipe et de toute l’Afrique du Sud», souligne-t-il. Et d’ajouter sur la force des Sud-Africains pour renverser des situations mal embarquées : «On a l’habitude depuis plusieurs années. C’est quelque chose qui nous a aidés, ça prouve que cette équipe et ce pays sont résistants. Ce titre, c’est pour toute l’Afrique du Sud. C’est un honneur de vous représenter, de représenter les Springboks. Je sais qu’on va avoir droit à un accueil incroyable à notre retour.» La fête risque de durer quelques jours…