Adieu cornets de frites, verres de Coca, gobelets de sundae et autres boîtes à burger en carton. D’ici quelques mois, ils seront remplacés dans tous les restaurants McDonald’s de France par leurs équivalents réutilisables. Pour les frites, l’enseigne a fait concevoir des cornets en céramique, toujours à ses couleurs rouge et jaune ; boissons et sundaes seront servis dans des contenants en verre, flanqués du «M» iconique de la marque ; pour les burgers, un emballage en papier recyclable remplacera les boîtes jetables.

À partir du 1er janvier prochain, la loi Agec (anti gaspillage pour une économie circulaire) interdira la vaisselle à usage unique (même si elle est en carton) aux établissements de restauration rapide de plus de 20 couverts pour les repas pris sur place. Moins de cinq mois avant cette échéance cruciale, McDonald’s semble avoir peaufiné sa stratégie de vaisselle réutilisable.

Une mesure sur laquelle l’enseigne est très attendue: avec ses quelque 1500 restaurants en France, elle est le leader incontesté de la restauration rapide. En 2017, elle avait été pointée du doigt par l’association Zero Waste France pour sa gestion des déchets: près de 115 tonnes d’emballages jetables utilisés chaque jour en France, soit 42.000 tonnes par an. Selon l’Ademe, le secteur de la restauration rapide produit jusqu’à 220.000 tonnes par an.

Suite à l’adoption de la loi Agec, en 2020, la firme avait pris des mesures radicales, par exemple pour répondre à l’interdiction des pailles en plastique: dès 2019, elle avait tout simplement décidé de ne plus distribuer de paille du tout, modifiant le couvercle de ses boissons pour que ses clients puissent boire leur soda sans avoir à l’enlever. McDo avait poursuivi en supprimant les couvercles plastique. Elle a remplacé certains bols à salades par des modèles en fibres moulées, les couverts en plastique jetables par d’autres en bois, et a même abandonné les jouets en plastique dans son menu enfant…

Restait la vaisselle et les emballages jetables. Une étape bien plus difficile à mettre en place, d’autant qu’elle rompt avec ce qui a fait le succès de McDonald’s à ses origines: un emballage simple et reconnaissable, jetable une fois utilisé. Pour cette petite révolution, et malgré une communication plus que discrète, la marque a cherché à innover.

Les nouvelles méthodes sont testées depuis plusieurs mois dans plus d’une vingtaine de restaurants partout en France, comme au Châtelet-en-Brie (Seine-et-Marne), où le restaurant présentait en juin sa nouvelle vaisselle, avec l’installation d’une plonge. Selon son gérant, la transformation représenterait 40 % de déchets en moins. «Nous avons expérimenté plusieurs solutions, et nous pensons avoir trouvé celle qui convient le mieux avec la vaisselle réutilisable, confie un porte-parole de la marque. Mais il reste à organiser le déploiement partout en France. Nous préférons communiquer à l’échelle nationale une fois qu’il sera opérationnel.»

À terme, ces économies d’emballages pourraient permettre d’éviter 8000 tonnes de déchets par an. Dans le cadre de la stratégie «zéro plastique» défendue par la marque, cela pourrait porter les réductions à 10.000 tonnes de plastique en moins.

Il reste beaucoup à faire pour équiper les 1500 McDo de France. Dans la plupart des restaurants parisiens, on n’est pas passé aux emballages réutilisables. Sans doute parce que cela implique de faire des aménagements en cuisine, ce qui s’avère difficile lorsque l’espace est précieux. «En ville, pousser les murs risque d’être compliqué voire parfois infaisable, sans compter les problèmes parfois liés aux contraintes architecturales, explique Steeve Broutin, spécialiste de ces questions, au site spécialisé Snacking.fr. Le coût peut paraître aussi important: l’acquisition d’une plonge, l’embauche de personnels supplémentaires…» À ce jour, la plupart des restaurants passés aux emballages réutilisables sont situés en périphérie des grandes villes ou dans des zones de moindre densité.

Les restaurants pourraient avoir des difficultés à rentabiliser leur investissement. Les clients ont l’habitude de jeter les emballages. Ils risqueraient de faire de même avec les contenants en verre ou pourraient être aussi tentés de les chaparder. De quoi faire craindre jusqu’à 25 % de pertes. Un problème qu’un système de consigne pourrait permettre de résoudre, selon certains spécialistes. Encore faudra-t-il convaincre les clients d’avancer quelques dizaines de centimes avant de boire leur Coca et de déguster leur sundae…