On prend les mêmes, et on recommence. Débauché à Porto pour 40 M€ au début de l’été 2022, quelques jours avant la nomination de Christophe Galtier, Vitinha s’est rapidement installé dans le 11 parisien aux côtés de Marco Verratti. L’intégration difficile des nouveaux venus Carlos Soler et Fabian Ruiz, les blessures de Renato Sanches et l’utilisation de Danilo Pereira en défense lui ont offert un boulevard. Il n’a pas laissé passer l’occasion. Malgré son jeune âge (22 ans à l’époque) et son expérience limitée (81 matches entre Porto et Wolverhampton), le milieu international portugais (12 sél.) a vite «pris ses repères» sur les bords de la Seine, comme l’avait relevé Galtier. «On a tous été impressionné parce qu’il s’est très vite adapté à notre jeu», jubilait Marquinhos, quand Verratti saluait son «intelligence» et sa «personnalité», évoquant «un grand joueur malgré son jeune âge».
Volume, technique, activité… «Viti» a en effet vite séduit son monde dans la capitale. Bonne pioche signée Luis Campos, sa première recrue parisienne dans le catalogue Jorge Mendes. Pas la dernière, on le sait bien… Toujours est-il qu’après des débuts très prometteurs et une parenthèse qatarienne pour la Coupe du monde, l’ancien Dragon explosait en vol. Il n’a pas été le seul dans ce cas après le Mondial, c’est clair. À l’image de son tir tout mou devant le but vide lors du huitième retour de C1 à Munich, à 0-0, Vitinha n’avait plus rien du joueur enthousiasmant de la première partie de saison.
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On se demandait donc bien quel Vitinha on allait retrouver à la reprise, l’été dernier, sous Luis Enrique. Changement de système de jeu, de philosophie. Pour le meilleur. Comme en 2022-23, il démarre fort et s’impose comme un titulaire à part entière dans cette équipe new-look (11 recrues estivales). S’il n’a pas débuté dimanche dernier, à Brest (victoire 3-2), c’est autant pour le faire souffler, après la victoire sur Milan en milieu de semaine (3-0), que pour concerner des garçons comme Bradley Barcola et Kang-in Lee, qui ont un profil bien différent de Vitinha évidemment. «Je me sens bien sur le terrain et ça se voit. Les idées du coach sont bonnes pour mon style de jeu. Je fais un bon début de saison mais je veux continuer sur cette voie. L’important, c’est la constance», soulignait l’intéressé il y a quelques semaines, sur TF1. Titulaire ? Oui, même si Luis Enrique l’avait laissé sur le banc contre l’OM (4-0), indolore, et à Newcastle (défaite 4-1), où il avait cruellement manqué.
Sans lui et ce trio qu’il formait jusque-là avec l’ancien du Sporting Manuel Ugarte et le titi Warren Zaïre-Emery, Paris avait explosé face aux Anglais. Question d’équilibre. Pourtant, Vitinha n’est pas vraiment un milieu au sens classique du terme. Pas seulement en tout cas. Pas en toutes circonstances et pas dans le dispositif aussi évolutif qu’audacieux de Luis Enrique. «Ce n’est pas simple d’expliquer le rôle de Vitinha, ça dépend d’où se trouve le ballon et Kylian Mbappé. Il perd peu le ballon, il a du volume, il peut jouer à l’intérieur du jeu ou sur le côté», résumait, encore dernièrement, le coach espagnol. Un rôle hybride, tantôt dans la ligne de quatre devant, tantôt dans les trois du milieu, et en tout cas partout sauf dans le chemin de Mbappé. «Kylian, c’est un grand joueur, c’est le meilleur aujourd’hui. Je m’entends très bien avec lui sur et en dehors du terrain, on combine bien dans les pieds, dans la profondeur pour lui, plus pour lui parce qu’il va plus vite que moi», s’amuse Vitinha.
On a un temps comparé Vitinha et Verratti la saison passée. Le premier s’imaginait d’ailleurs «assez semblable dans le jeu» au second. «On est peu différents. Il se projette beaucoup, joue sans ballon et il crée des espaces pour les autres», corrigeait le «Petit hibou», par ailleurs bien meilleur que le Portugais dans la sortie de balle, les dribbles dans les petits espaces et sous pression. Bien vu. C’est grâce aux qualités décelées par l’Italien, parti au Qatar depuis, que «Viti» colle parfaitement au plan complexe de son nouveau coach. Contre Milan, son remplacement, à la mi-temps, dans une position plus axiale et reculée a, comme par hasard, accompagné le réveil collectif.
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«Vitinha est un joueur similaire à Kang-in Lee, il peut aussi bien évoluer en tant qu’ailier qu’à l’intérieur du jeu ou même en tant que pivot, en fonction du match, explicite Luis Enrique. Quand on a la possession, en fonction de la position de la balle, on doit se positionner de telle ou telle façon. Il doit savoir quels espaces occuper lorsqu’il joue sur l’aile, ou à l’intérieur. Il y a aussi d’autres aspects… que je ne vais pas évoquer publiquement parce que ce n’est pas dans mon intérêt que les autres équipes le sachent. En tout cas, il a cette capacité à interpréter son rôle en fonction de la position de la balle, être plus ou moins à l’extérieur. Il y a plusieurs joueurs qui peuvent le faire, mais ça a plus souvent été Vitinha. Warren Zaïre-Emery ou Fabian Ruiz peuvent le faire aussi, Carlos Soler ou Kang-in Lee… Pour moi, en tant qu’entraîneur, j’ai une foule d’options très intéressantes», s’enthousiasme le technicien espagnol.
Et l’ancien entraîneur du Barça et de la Roma devrait redonner une place dans le 11 à Vitinha dès ce vendredi (21h), contre Montpellier, lors de la 11e journée de Ligue 1. Et surtout à Milan, mardi prochain (21h), en C1. «Vitinha est très important pour nous. Il a un rôle important. Il s’adapte bien à tout ce qu’on lui demande. Il a une grande qualité technique», jure-t-il. À 23 ans, le natif de Vila das Aves semble prêt à passer un nouveau cap. En tout cas, à reprendre le fil qui s’était rompu après le Mondial qatarien. En confiance, il n’hésite par exemple pas à prendre sa chance. Pas assez pour afficher des statistiques ronflantes (1 but et 1 passe en 2023-24), mais tout de même.
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C’est une menace de plus, et c’est ce qui compte. Pour le reste, il y a Kylian Mbappé, auteur de 12 buts en 12 matches depuis le début de saison, dont neuf en dix rencontres de championnat. En attendant qu’Ousmane Dembélé et d’autres, Gonçalo Ramos et Randal Kolo Muani en tête, marquent plus régulièrement… «Nous voulons que Kylian ait beaucoup le ballon et qu’il soit libre, nous avons besoin de quelqu’un pour bloquer les joueurs adverses. Aujourd’hui, c’est ce qu’ont fait Vitinha et Ousmane Dembélé, racontait Luis Enrique, après PSG-Lens (3-1). Ils l’ont très bien fait dans la phase de construction, Kylian donnant de la largeur, Vitinha le soutenant dans les phases de progression et de finition. Vitinha a ouvert le terrain, donnant à Kylian de l’espace à l’intérieur». Ticket gagnant, même si on peut encore douter que ce schéma soit si profitable que cela à «KM», malgré ses stats.
Du point de vue du PSG, reste en tout cas à espérer que ce bon début de saison de Vitinha se poursuive au-delà de l’hiver, cette fois. «L’important, c’est la constance», comme il le disait lui-même… Une chose est sûre, «Viti», qui s’exprime déjà dans un très bon français, imagine son avenir à Paris. «J’aime la ville, ma vie ici, j’espère que je vais rester longtemps ici parce que c’est un grand club, une grande ville, je suis très content ici», affirme-t-il. S’il continue sur cette lancée, personne ne se plaindra de le voir prendre racine.