À moins d’un mois des élections européennes, Jordan Bardella tente de conserver son statut d’ultrafavori. Donné largement en tête du scrutin, à 31,5% d’intentions de vote selon la dernière vague du «rolling» quotidien Ifop-Fiducial pour Le Figaro, le président du RN imprime progressivement sa marque dans l’opinion publique. Le dauphin de Marine Le Pen parvient même à égaler la popularité (42%) de la double finaliste de l’élection présidentielle, comme le révèle un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro ce vendredi.
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Le nationaliste plie surtout le match à droite, où il devance largement les patrons de LR et de Reconquête!, Éric Ciotti (22%) et Éric Zemmour (19%), ainsi que le candidat putatif des Républicains pour 2027, Laurent Wauquiez (27%). Il faut dire que le lepéniste peut compter sur sa bonne image auprès des catégories populaires (46%) comme dans la France des villes moyennes et de province (50%). Dans son ascension, l’eurodéputé réussit aussi à séduire des tranches traditionnellement plus hostiles au vote RN, à l’image des «CSP » (38%), des urbains (40%) et surtout des seniors (42%). Une réserve de voix qui illustre la transformation de la sociologie électorale du parti nationaliste.
En revanche, l’avenir politique de Jordan Bardella sur la scène nationale reste encore à écrire selon les Français. Alors que d’aucuns lui prêtent un destin présidentiel, les deux tiers des sondés (66%) ne l’imaginent pas accéder un jour à l’Élysée. Ils ne sont pas davantage convaincus (57%) par son éventuelle promotion au poste de premier ministre, pourtant promise par Marine Le Pen si celle-ci est élue en 2027.
À seulement 28 ans, Jordan Bardella peut néanmoins surfer sur sa jeunesse, un atout loué par plus de la moitié du pays (52%). Surtout face à Gabriel Attal, 34 ans, qu’il devrait bientôt affronter lors d’un débat télévisé. «Le premier ministre est souvent perçu comme le seul adversaire politique capable de déstabiliser Jordan Bardella, commente Véronique Reille Soult, présidente de Backbone Consulting. Au point qu’un duel entre les deux hommes est l’évènement des européennes le plus attendu et commenté.»
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Même conforté par de bons sondages, Jordan Bardella peine pour l’instant à détrôner le chef du gouvernement en matière de popularité. Plus de la moitié des Français (57%) ont ainsi une meilleure opinion de Gabriel Attal que du patron du RN. Y compris dans les rangs de LR, où 72% des sympathisants préfèrent de loin le jeune loup macroniste à son adversaire nationaliste.
Face au lepéniste, Gabriel Attal est notamment jugé plus «compétent» (56% contre 39%), inspirant davantage confiance (54% contre 41%) et endossant le mieux la stature d’un homme d’État (54% contre 41%). Même si le duel est plus serré, le premier ministre devance également son adversaire sur le charisme (49% contre 47%), le dynamise (48% contre 47%) et l’autorité (49% contre 47%). Habitué des bains de foules et des selfies en cascade, Jordan Bardella réussit toutefois à l’emporter sur deux critères : sa proximité avec les Français (48% contre 47%) et son côté «rassembleur» (53% contre 43%).