Quelle est l’ambiance au sein du groupe depuis la finale ?Andrew Albicy : Ce matin (lundi), ça va encore… C’est plus hier soir (dimanche), où on n’avait pas envie de célébrer quoi que ce soit. On était un peu déçu, surtout au vu de la manière dont on a joué ce match. C’est surtout cela. Si on s’était battu, qu’on avait vu qu’ils étaient nettement au-dessus de nous, on aurait eu une réaction différente… Mais là, on sent qu’on n’était juste pas prêt pour ce rendez-vous, c’est frustrant.
On a le sentiment que l’équipe de France a mis un gros quart d’heure à réellement rentrer dans sa finale en termes d’agressivité et d’impact…C’est tout à fait ça. Quand on a commencé à être très agressif, à défendre très haut, à les presser, on voyait qu’ils avaient énormément de mal. Après, comme on les a laissés beaucoup gagner en confiance en première période, ils ont mis des shoots, fait des runs qui ont fait qu’ils ont repris le large, qu’ils nous ont fait mal. On a couru derrière eux tout le match au final… Pas facile… C’est une équipe bien en place offensivement et défensivement, qui sait jouer ensemble et qui nous a posé pas mal de problèmes.
À lire aussiBasket : Cœur, révélations, renforts… Pourquoi l’avenir s’annonce prometteur chez les Bleus
Se dire que 22 équipes ont fait moins bien que vous n’est-il pas suffisant pour relativiser et savourer, un peu, ce parcours ?Non, et même plus tard je ne pense pas que ce sera suffisant. Quand on regarde ce qu’on a fait, c’est troisième à la Coupe du monde en 2019 et deuxième aux Jeux olympiques l’an dernier. La logique, ça aurait été d’être premier au championnat d’Europe… C’est un peu frustrant, on visait l’or même si je sais que peu de gens croyaient en nous par rapport à ce qu’on a fait en préparation et au début du tournoi. Au final, on est arrivé jusque-là, ce n’est pas rien non plus mais c’est frustrant.
Entre les révélations de l’été (Yabusele, Tarpey) et les futurs revenants (Batum, De Colo), l’avenir s’annonce plein de promesses pour l’équipe de France…C’est sûr. On a un groupe qui travaille depuis quatre ans ensemble, ça marche bien, on arrive à intégrer quelques nouveaux qui bonifient l’équipe. Je sais que ça arrivera encore dans les années à venir. Si on reste dans cet état d’esprit, on sera toujours dans le top mondial. Maintenant, il faut gagner l’or. On n’est pas loin et c’est pour cela que c’est frustrant… On sent que ça se joue sur des détails, que si on change quelques trucs, on peut y arriver. Mais on progresse chaque année. On était privé de deux cadres cet été mais on a réussi à boucher les trous comme on pouvait. On a quand même réussi à s’en sortir, c’est bien aussi.
Comment vous êtes vous senti sur cet Euro, vous qui êtes revenu dans le groupe juste avant le début du tournoi après une blessure ?Physiquement, j’étais très bien. C’est plus dans l’alchimie avec les gars, il y a des habitudes à prendre. Après, j’ai essayé de mettre autant d’énergie que je le pouvais, d’être dans mon rôle, comme je l’ai toujours fait et comme je le ferai toujours.
À lire aussiBasket : Tarpey, le coup de cœur
En finale, vous avez été gêné par deux fautes rapides…(il souffle) En plus, une faute imaginaire. La première, OK, mais la deuxième… J’ai même été surpris que l’arbitre me la mette à moi en fait (sourire). Après, c’est le contexte du match, il faut s’adapter. Je donnerai toujours tout pour les Bleus, toute l’énergie que je peux. C’est toujours un plaisir d’être là, de profiter, de savourer ces moments. Je n’ai pas gagné de titres en club mais j’ai toujours eu l’équipe nationale et c’est une satisfaction.
Comment va se passer le retour en Espagne, dans votre club ?Je rentre dès demain (ce mardi). J’ai la chance de ne pas avoir de membre de la sélection espagnole au sein de mon club (sourire). Heureusement, sans quoi, je pense qu’il y aurait eu bagarre (rires) ! Je plaisante évidemment, mais ça aurait été frustrant parce que je sais qu’ils auraient fanfaronné. Mais c’est le jeu. Et si j’avais gagné l’or, j’aurais été le premier à mettre mon maillot de l’équipe de France à l’entraînement, je vous le dis (sourire). C’est de bonne guerre. Ils ont fait un très gros match, le match qu’ils voulaient.