Il en a fait une «exigence morale absolue». Depuis son entrée au ministère de l’Éducation nationale, en juillet dernier, Gabriel Attal veut montrer qu’il est pleinement engagé dans la lutte contre le harcèlement scolaire. Dans le premier portrait que lui consacre l’émission Sept à Huit, diffusée ce dimanche soir sur TF1, le ministre de 34 ans révèle avoir été lui-même harcelé lorsqu’il était au collège. «Si j’ai à ce point à cœur de m’engager sur le harcèlement scolaire, c’est peut-être parce que le fait d’avoir vécu des injures, ça a forgé quelque chose», se confie-t-il face à la journaliste Audrey Crespo-Mara.

Adolescent, il raconte avoir traversé «un déferlement d’insultes», «très violent» pendant «plusieurs mois». «J’étais à la fin du collège, j’avais 14-15 ans. C’était un élève de l’établissement qui avait ouvert ce site sur lequel il fallait mettre des commentaires sur le physique des élèves», retrace-t-il. Sur ce blog, Gabriel Attal est traité de «pédale, tafiole, tarlouze». «C’était sur mon orientation sexuelle, supposée à l’époque, car je n’en parlais pas autour de moi», précise-t-il, après avoir révélé publiquement son homosexualité en 2019. «Ce qui était dur pour moi, et qui l’est aussi aujourd’hui pour beaucoup de jeunes, c’est parfois le sentiment qu’on a personne à qui en parler.»

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Quelques années plus tard, en 2018, ce même camarade revient à la charge et s’en prend à lui après sa nomination au gouvernement. «J’ai compris qu’il ne voulait pas me lâcher. Il a posté des messages sur les réseaux sociaux en faisant des références à mon homosexualité», relate celui qui était alors secrétaire d’État à la Jeunesse. Depuis, Gabriel Attal assure s’être «forgé une carapace». «La peur doit changer de camp, la honte doit changer de camp», insiste-t-il, lui qui a été confronté dès son arrivée à l’Hôtel de Rochechouart à plusieurs affaires de harcèlement, dont le suicide de Lindsay. Plus d’un mois après le lancement d’un plan national, «plusieurs dizaines» d’élèves ont dû changer d’établissements depuis la rentrée après «avoir harcelé un camarade», fait-il valoir.

Ce sont d’autres «messages» et «courriers» dont se dit désormais victime le ministre de l’Éducation nationale. «Mon père m’avait dit : tu as beau ne pas être juif, tu subiras l’antisémitisme toute ta vie comme les juifs parce que tu portes un nom juif», raconte-t-il, dans un contexte de montée des actes antisémites depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas. En 2021, déjà, il avait publié sur son compte Instagram un courrier anonyme sur laquelle étaient dessinées «deux étoiles», une jaune et une rose.

Après sa décision d’interdire les abayas et les qamis dans les établissements scolaires, début septembre, Gabriel Attal affirme également avoir reçu «des lettres de menaces». «Quand vous êtes un ministre qui prend des décisions fortes, vous savez que vous vous exposez à ça», relativise-t-il, assurant néanmoins avoir déposé plusieurs plaintes.