Les acteurs et les grands studios d’Hollywood sont parvenus mercredi 8 novembre à un accord pour mettre fin à la grève qui paralysait la production de films et séries aux États-Unis depuis de longs mois et a coûté des milliards à l’économie américaine, a annoncé le syndicat des comédiens SAG-AFTRA.

«La grève prendra officiellement fin le jeudi 9 novembre à 00H01», heure de Los Angeles, a expliqué l’organisation dans un communiqué. Un «accord de principe» a été trouvé après 118 jours de grève de la part des comédiens, qui réclamaient une meilleure rémunération dans une industrie bouleversée par l’avènement du streaming et des garde-fous en matière d’intelligence artificielle. Le contenu exact de l’accord n’a pas encore été dévoilé, mais «de plus amples informations seront communiquées» vendredi, a fait savoir le syndicat. Pour que grandes vedettes et figurants reviennent en plateau et permettent la reprise des tournages, les 160.000 acteurs, danseurs et autres cascadeurs membres du SAG-AFTRA doivent encore approuver leur nouvelle convention collective par un vote. Une étape largement vue comme une formalité.

Les grands noms d’Hollywood ont célébré la fin de la grève. «La persévérance paie!», s’est exclamé Jamie Lee Curtis sur Instagram. «Je suis très heureux que nous soyons tous parvenus à un accord», a salué Zac Efron depuis le tapis rouge de la première du film Iron Claw. «Remettons-nous au travail, allons-y, je suis tellement content.»

Les négociations avec le patronat ont eu lieu quasiment quotidiennement ces deux dernières semaines, souvent avec les PDG de Disney, Netflix, Warner Bros, et Universal en personne autour de la table. Car la nécessité de mettre fin à ce mouvement social devenait de plus en plus pressante. Outre une minorité de grandes célébrités, la plupart des acteurs sans tournage avaient de plus en plus de mal à joindre les deux bouts – certains se sont rabattus sur d’autres emplois. Les studios, eux, accusaient des trous béants dans leurs calendriers de sortie pour l’année prochaine et au-delà.

Après le report de productions majeures, comme le second volet de la saga Dune ou la série Stranger Things, les studios vont maintenant vouloir reprendre le travail au plus vite. Le secteur vient de traverser un double mouvement social historique: lorsque les acteurs sont entrés en grève mi-juillet, les scénaristes avaient déjà cessé le travail depuis début mai. Hollywood n’avait plus connu une telle crise depuis 1960, à l’époque où Ronald Reagan dirigeait le syndicat des acteurs – avant de devenir président des États-Unis. Au total, la paralysie du secteur ces derniers mois a coûté au moins 6 milliards de dollars, selon de récentes évaluations d’économistes.

Acteurs et scénaristes partageaient un constat: hormis les comédiens vedettes et «showrunners» stars, la plupart d’entre eux n’arrivaient plus à gagner correctement leur vie à l’ère du streaming. Non seulement parce que les plateformes produisent des séries avec bien moins d’épisodes par saison qu’à la télévision, mais aussi parce que Netflix et consorts ont fait chuter drastiquement les revenus dus à chaque rediffusion de films et séries. Contrairement à la télévision, où une rediffusion peut être rémunérée grâce au modèle publicitaire basé sur les chiffres d’audience, une œuvre diffusée en streaming faisait l’objet d’un paiement forfaitaire, indépendamment de la popularité du programme.

Les studios ont fini par trouver un accord avec les scénaristes fin septembre et la plupart d’entre eux ont depuis repris le travail. Mais malgré ces progrès, les négociations avec les acteurs ont traîné en longueur. Pour sortir de l’impasse, les deux parties ont trouvé selon la presse spécialisée un compromis sur le salaire minimum, qui devrait augmenter d’environ 8 % par rapport à la précédente convention triennale: c’est la plus forte augmentation depuis des décennies, même si elle reste en deçà des revendications initiales des acteurs. Côté streaming, un système de primes pour les acteurs jouant dans des séries ou des films à succès va être mis en place.

L’encadrement de l’intelligence artificielle (IA) était un autre point de crispation majeur, particulièrement dans la dernière ligne droite des négociations. Les acteurs craignaient que les studios utilisent cette technologie pour cloner leur voix et leur image, afin de les réutiliser à perpétuité sans compensation ni consentement. Les studios avaient formulé des propositions en la matière, mais le syndicat des acteurs estimait que ces mesures n’allaient pas assez loin. Ces derniers jours, les deux parties ont notamment bataillé sur les conditions entourant les droits des studios sur l’image des acteurs stars après leur mort.