«Où se trouve la fontaine la plus moche du monde? À Vienne, en Autriche!» Inaugurée fin octobre, cette œuvre critiquée aussi pour son coût n’en finit pas de faire des vagues, suscitant moquerie et colère sur les réseaux sociaux.

«Une honte!», «Quelle horreur», «c’est une blague?» : les internautes s’étranglent devant ce vaste ouvrage en béton gris composé de 33 personnages, semblant modelés par des enfants de maternelle et entourant un jet d’eau. Il s’agit d’une commande de la municipalité sociale-démocrate pour célébrer les 150 ans de l’approvisionnement en eau de source de la ville, un système exceptionnel qui fait la fierté de Vienne.

Elle a été dévoilée en grande pompe dans un quartier défavorisé le 24 octobre par le maire Michael Ludwig qui la trouve «intéressante» et par le président écologiste Alexander Van der Bellen. Un collectif viennois nommé Gelitin a remporté le concours artistique avec son concept censé «représenter la responsabilité de la société vis-à-vis de l’eau, dont la protection devient de plus en plus importante» devant l’augmentation de la sécheresse, selon l’adjoint pour le climat Jürgen Czernohorszky.

Mais cette fontaine contemporaine n’est pas du goût de tout le monde. Sur X (ex-Twitter), des utilisateurs soulignent le contraste comparé à une fontaine néoclassique prisée pour sa magnificence et qui trône devant le Parlement de cette ville classée à l’Unesco. Un message en anglais du compte Culture critic publié le 30 octobre, regrettant que ce soit «tout ce qu’ils ont trouvé pour 1,8 million d’euros pris aux contribuables», a été vu plus de 7,5 millions de fois, pour un pays de 9 millions d’habitants.

Au-delà du débat récurrent sur la place de l’art moderne dans l’espace public, c’est le coût du monument qui a le plus de mal à passer. Du «luxe» en temps de «vie méga-chère», tonne sur Facebook Herbert Kickl, le chef du parti d’extrême droite FPÖ, en tête des sondages pour les législatives de l’année prochaine. Moins d’une semaine après leur apparition, les personnages se sont vus affubler de larmes noires par des passants, les faisant tout droit sortir d’un film inquiétant de Tim Burton.

Contactés par l’AFP, ni la ville de Vienne ni les quatre auteurs des sculptures, qui forment le collectif Gelitin connu pour ses performances provocantes, n’ont réagi pour l’instant devant la polémique.