Ancien fumeur, Jean-Paul Vasseur vit sous oxygène depuis presque trente ans. La raison de ce lourd traitement essentiel à sa respiration, handicapant au quotidien ? Sa BPCO. Derrière cet acronyme barbare se cache une maladie des poumons, qui tue 18.000 personnes par an, soit ­6 fois plus que les accidents de la route ! Et pourtant, elle reste relativement méconnue en France.

La BPCO, ou bronchopneumopathie chronique obstructive, fait peu parler d’elle mais elle est, avec le cancer du poumon, l’autre fléau majeur du tabac. « Huit patients sur dix sont des fumeurs et anciens fumeurs. Et environ 25 % des fumeurs développeront une BPCO », martèle le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé respiratoire France.

Actuellement dans notre pays, le nombre de nouveaux cas de BPCO augmente : en cause, notamment, le tabagisme qui concerne encore près de 30 % des Français, et l’allongement de l’espérance de vie. Les femmes notamment, sont de plus en plus nombreuses à souffrir de cette maladie. « L’une des hypothèses pour l’expliquer est qu’au départ, les femmes ont des bronches de plus petits calibres que celle des hommes », avance le Pr Bruno Housset, pneumologue à Créteil et ancien président de la Fondation du souffle.

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Pourtant, bon nombre de ces BPCO et des décès qu’elles entraînent pourraient être évités. En effet, si la maladie est prise en charge suffisamment tôt, il est possible d’en stopper la progression, voire de récupérer de la fonction respiratoire. « C’est possible en arrêtant de fumer et en faisant de l’activité physique », explique le Pr Bruno Housset.

Or, cette maladie reste largement sous-diagnostiquée. Ainsi, sur les quelque 5 millions de personnes souffrant de BPCO, deux tiers ne se savent pas malades, même lorsque les signes sont présents. « Je fumais deux paquets par jour et chaque matin je toussais et crachais. Mon médecin me parlait de bronchites » raconte Jean-Paul Vasseur, président de l’association Calais Respire et vice-président de la Fédération française des associations et amicales des malades, insuffisants ou handicapés respiratoires. Pourtant, la toux et les crachats (expectorations) quotidiens sont bien les signes précoces de la maladie. L’essoufflement s’installe. « Lorsque la dyspnée apparaît, les dégâts pulmonaires sont déjà importants », met en garde le Pr Bruno Housset.

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Pour Jean-Paul, il aura fallu attendre une hospitalisation d’urgence parce qu’il n’arrivait plus à respirer, pour que le diagnostic tombe. C’est une autre caractéristique de la maladie : son évolution est émaillée d’exacerbations, épisodes d’aggravation de la toux, de l’expectoration et de l’essoufflement. Lorsque le Calaisien apprend à 36 ans, qu’il souffre d’une BPCO, le choc est d’autant plus violent, que ses poumons sont très abîmés et qu’il doit être mis sous oxygène. La maladie a évolué vers un rétrécissement progressif et irréversible du calibre des bronches et une destruction des alvéoles pulmonaires. Après plusieurs hospitalisations et réhabilitation respiratoire, Jean-Paul a arrêté de fumer et pratique une activité physique adaptée. Il est toujours sous oxygène. « Mais cela fait dix ans que je n’ai pas été hospitalisé et je mène une vie active », se réjouit-il.

Un test simple et rapide permet de dépister une éventuelle BPCO. Si l’on répond positivement à 3 des 5 questions suivantes, il est conseillé de consulter :

Toussez-vous souvent (tous les jours) ? ;

Avez-vous souvent une toux grasse ou qui ramène des crachats ? ;

Êtes-vous plus facilement essoufflé que les personnes

de votre âge ? ;

Avez-vous plus de 40 ans ?

Avez-vous fumé ou fumez-vous ?

Attention ! chez les femmes, la maladie peut s’exprimer différemment. « Il faut penser à une BPCO, lorsqu’une femme fumeuse de 40 ans et plus est déprimée ou anxieuse, sans causes évidentes qui pourraient l’expliquer », précise le Dr Frédéric Le Guillou.