Quand j’étais enfant, j’avais souvent des bronchites l’hiver. À l’âge adulte, plus rien : j’ai été tranquille pendant de nombreuses années. Mais à la cinquantaine, j’ai ressenti une oppression thoracique la nuit quand j’étais allongé. Je mettais ça sur le compte de l’anxiété. Au bout de deux ans j’ai consulté pour ce problème.
On m’a diagnostiqué un asthme. Le médecin m’a dit que mes bronchites d’enfants devaient déjà être dues à cette maladie », raconte Bruno qui a été surpris par ce diagnostic. « Pour moi un asthmatique, c’est quelqu’un qui suffoque et qui a du mal à trouver de l’air », explique ce cadre parisien.
Contrairement à cette idée largement répandue, la maladie asthmatique se manifeste de façon très variée. Une oppression thoracique, une gêne respiratoire, des sifflements, des bronchites à répétition ou une simple toux ? C’est peut-être un asthme. Il est vrai qu’il n’est pas toujours évident de faire le rapprochement entre ces signes plutôt généraux et la pathologie asthmatique. « J’étais membre de l’Association Asthme
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Plus étonnant encore, la fatigue est un autre symptôme de la maladie, souvent oublié par les médecins. « Si on les interroge, le premier mot des patients est “je suis fatigué”. Rien de plus normal. Un patient asthmatique non traité a une façon de respirer qui n’est pas naturelle, c’est une contrainte qui va fatiguer l’organisme. La plupart du temps ils sont réellement épuisés », explique le Pr Gilles Garcia, pneumologue et président de l’association Asthme
Il faut donc apprendre à repérer ces signes et à penser à l’asthme. « Le risque est de s’habituer à ses symptômes, à les tolérer jusqu’à ce que surviennent l’exacerbation et la crise d’asthme aiguë », met en garde le Pr Gilles Garcia. Tous les malades, quel que soit le degré de sévérité de leur asthme, peuvent être confrontés à un moment de leur vie à une crise. Celle justement qui provoque une suffocation et peut mettre la vie en danger. Chaque année, environ 900 personnes décèdent d’asthme. Pourtant, il n’est pas rare, qu’il faille attendre cette crise aiguë pour que le diagnostic soit fait. Comme le raconte Marie-Pierre Rinn : « Pendant 6 mois, je n’ai pas écouté ma toux. Il a fallu un virus et une bronchite pour être hospitalisée. »
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La bonne nouvelle, c’est qu’une fois le diagnostic posé, il existe des traitements efficaces. « En prenant de petites doses de corticoïdes inhalés, 80 % des asthmatiques peuvent contrôler leur maladie. C’est-à-dire qu’ils ne sont plus handicapés ou limités dans leurs activités quotidienne à cause de l’asthme » explique le Pr Gilles Garcia. La réalité n’est cependant pas aussi rose.
L’asthme demeure une maladie qui continue à couper le souffle et gâcher la qualité de vie de milliers de personnes. D’une part, parce qu’il faut accepter de souffrir d’une maladie chronique et donc de prendre son traitement tous les jours. D’autre part, il faut apprendre à reconnaître les facteurs qui vont déclencher des crises et agir en conséquence. « Ce qui n’est pas toujours facile », reconnaît le Pr Gilles Garcia… « Un asthmatique doit apprendre à écouter ses symptômes. Il doit savoir ce qu’il faut faire pour ne pas les laisser s’aggraver ou demander conseil », conclut le Pr Gilles Garcia.