«Historique», c’est le premier mot qui vient à la bouche d’Amélie Henri, déléguée syndicale CFE-CGC pour qualifier les résultats des dernières élections professionnelles chez EDF tombés lundi soir. Son syndicat vient en effet de se hisser sur la première marche du podium chez l’électricien, détrônant la CGT qui occupait cette place sans discontinuer depuis 77 ans.

Si le virage est historique, la tendance ne laissait que peu de doute. Élections après élections, la centrale radicale voyait son hégémonie grignotée, notamment par la CFE-CGC. Cette dernière est passée de 25% des voix en 2016 à 29% en 2019 et finalement 33% cette année. Dans le même temps, la CGT dégringolait de 35% à 30%. Derrière, les positions restent inchangées avec la CFDT en troisième position et léger recul à 17% et FO quatrième, stable à 15%.

Pour Amélie Henri, cette progression est, sans surprise le fruit «de l’engagement de nos délégués ces dernières années. Une période pendant laquelle EDF a été tourmenté avec des sujets comme les prix de l’électricité, la réforme des retraites…», souligne-t-elle. Une autre partie de l’explication se trouve également dans l’évolution du profil des salariés du géant de l’électricité. Les ouvriers peu qualifiés, cœur de l’électorat de la CGT, ont progressivement laissé la place aux maîtrises et cadres, dont la CFE-CGC se veut le porte-voix.

Il est encore trop tôt pour déterminer en quoi ce changement de statut va influencer le dialogue social au sein de l’entreprise publique qui comptait 137.000 salariés en France en 2022. Du côté du nouveau numéro un on assure vouloir arriver avec «une approche non-dogmatique» et on espère «un changement de regard des employeurs et parties prenantes», par rapport à l’ère révolue de la CGT. Toutefois, la présidence du CSE central ne lui est pas tout à fait assurée. Une élection entre les délégués doit encore avoir lieu et si la CFE-CGC a pris la première place, elle n’a pas eu la majorité des voix.

La relation future entre les syndicats au sein d’EDF sera aussi scrutée de près. Notamment entre l’ancien et le nouveau leader qui représentent à eux deux près de 65% des suffrages. Côté CFE-CGC, on assure vouloir «rester humble dans la victoire» et «continuer à travailler au sein d’une intersyndicale forte», assure la déléguée syndicale, tout en se disant lucide que «la situation doit être extrêmement dure à vivre pour la CGT».