Un combat culturel difficile à mener. Christophe Béchu le reconnaît et parle même d’une «révolution» que «nous devons entreprendre collectivement». Dans un discours prononcé en marge du lancement d’une campagne de communication de l’ADEME, le ministre de la Transition écologique a insisté ce mardi matin sur sa volonté de parvenir à «changer de modèle de consommation» en luttant contre la surconsommation. «La campagne ce n’est pas “acheter c’est mal”, mais “acheter n’est pas la seule solution”» a-t-il toutefois précisé, vantant les mérites d’une économie «plus circulaire». «Avec le levier de l’économie circulaire, nous pourrons agir sur presque la moitié de nos émissions» a insisté Christophe Béchu.
En évoquant le Black Friday «qui approche», l’ancien maire d’Angers a dénoncé «son récit, qui vante un modèle de surconsommation insoutenable». «Je rêve d’un Green Friday où le récit de la sobriété, de la réparation, du réemploi serait mis à l’honneur comme contre-modèle de société» a poursuivi le ministre. Mais ce rêve risque de se heurter à une réalité bien plus crue. Inflation oblige, l’intérêt des Français pour les bons plans va croissant. Et l’édition 2023 du Black Friday ne devrait pas faire exception.
Selon une étude Kantar parue en novembre 2021, 50% des Français affirment que les périodes de soldes les poussent à consommer davantage, un chiffre qui grimpe à 81% chez les 18-24 ans. En parallèle, l’engagement environnemental des marques semble perdre du poids : 44% des Français affirment que le critère écoresponsable influence leur choix, soit 9 points de moins qu’un an plus tôt (53% en 2020).
Si environ la moitié des Français (51%) s’accordent à dire que le Black Friday a un impact négatif sur l’environnement, le panéliste relève que ce chiffre connaît aussi une baisse significative depuis 2020 (-6 points). De même, 56% des consommateurs interrogés reconnaissent que le Black Friday est une source de gaspillage (contre 60% en 2020) et seulement 41% considèrent que les marques devraient boycotter l’événement (contre 47% en 2020).
En 2022, les consommateurs étaient près de 5,8 millions à profiter des offres Black Friday sur les produits de mode en France. En considérant uniquement le vendredi et le week-end suivant, près de 15 millions d’articles avaient été achetés. D’après les analyses de Kantar, la dépense moyenne s’élevait à 67 euros. Des chiffres qui révèlent que la volonté de consommer à bas prix a entièrement pris le pas sur la considération environnementale.
En cinq ans, de 2017 à 2022, le chiffre d’affaires total du Black Friday en France a d’ailleurs bondi de 22% pour atteindre 398 millions d’euros, selon les chiffres dévoilés par le panéliste, qui annonce que pour ce cru 2023, «face à la crise du pouvoir d’achat», 36% des Français projettent de privilégier les achats en promotions.