Parmi les techniques olfactives, la méthode OSTMR ou «thérapie de stimulation olfactive et reconstruction de la mémoire». Elle a été élaborée par la Bruxelloise Olga Alexandre, neuropsychiatre et diplômée en biochimie fine et en toxicologie, une professionnelle qui évolue également dans le monde du parfum.
Rien de très nouveau sur le principe, puisque faire renifler les patients fait partie depuis toujours de la pratique médicale. Mais, pour mieux analyser chimiquement l’«odeur» de certaines maladies, les scientifiques se sont intéressés au circuit complexe de l’odorat.
Pour découvrir combien sont entremêlés flair, mémoire, émotion: en novembre 2022, une étude de l’Institut Pasteur publiée dans Nature Communication détaille un va-et-vient neuronal entre odeurs et cerveau. «Si la perception des odeurs est constamment guidée et façonnée sous le prisme de la mémoire olfactive, notre expérience passée assiste le travail de perception et de reconnaissance d’une odeur», soulignent les chercheurs.
Il s’agit d’une sorte de rééducation après une perte partielle ou complète de l’odorat. Mais aussi d’utiliser l’olfaction comme un élément de traitement de stress post-traumatique, de troubles anxieux et alimentaires, voire de douleur chronique. Comment Olga Alexandre procède-t-elle?
Le patient doit s’exercer à sentir et à comprendre des odeurs afin de permettre un travail sur ses émotions, sa perception de la douleur, ses problèmes de mémoire, ses dégoûts ou phobies. Des odeurs simples lui sont proposées, qu’il doit associer à des couleurs sur un nuancier et à des images d’objets. Son attitude corporelle, ses réactions émotionnelles – dont le rythme cardiaque – sont la base du travail du thérapeute, un peu comme ce qui se fait avec l’EMDR (thérapie visuelle).
L’objectif du travail thérapeutique sur les odeurs est de… «se sentir bien»! Outre le plaisir d’une odeur jugée plaisante, le patient se confronte à sa propre mémoire olfactive et découvre qu’elle est plus importante qu’il ne l’imaginait. Il peut s’exercer pour améliorer sa mémoire autobiographique et, ici et maintenant, sa qualité de vie.
Par exemple, pour les sujets âgés, confrontés à la perte du goût et de l’odorat qui entraîne un manque d’appétit et sont à risque de dénutrition. De même, ceux dont le nez est le métier (cuisiniers, parfumeurs…) et qui ont été contaminés par le Covid pourraient bénéficier de cette rééducation. L’OSTMR est proposé dans certaines grandes villes françaises par des professionnels formés, mais qui ne sont pas forcément médecins. Comme pour toute thérapie alternative, ne manquez pas d’en parler avec votre généraliste.