Yassine Belattar de retour à l’Élysée. L’animateur et humoriste controversé avait joué les maîtres de cérémonie, en 2018, lors de la présentation de la stratégie d’Emmanuel Macron pour la banlieue – le président avait surtout, ce jour-là, enterré le rapport présenté par Jean-Louis Borloo. Cinq ans plus tard, Belattar a été reçu par deux conseillers d’Emmanuel Macron, selon une information de L’Express dont Le Figaro a obtenu confirmation. L’entrevue a eu lieu quelques jours avant la grande marche contre l’antisémitisme du dimanche 12 novembre, avec l’ancien journaliste Bruno Roger-Petit, conseiller mémoire d’Emmanuel Macron, et le préfet Frédéric Rose, conseiller intérieur et sécurité.
Selon L’Express, Yassine Belattar est vu à l’Élysée comme «un thermomètre» permettant de prendre le pouls d’une partie de la société, dans un contexte de tensions sur fond de conflit au Proche-Orient, et alors qu’Emmanuel Macron se montre particulièrement soucieux des répercussions de la guerre en France. Contactés par Le Figaro, les deux conseillers n’ont pas souhaité réagir.
Habitué des prises de bec sur les réseaux sociaux, Yassine Belattar a été condamné le 18 septembre par le tribunal correctionnel de Paris à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour des menaces de mort et de crimes visant des personnalités du monde du spectacle, sur fond de différend commercial. Les poursuites dans cette affaire lui avaient coûté son poste d’animateur sur Radio Nova. Emmanuel Macron avait nommé Yassine Belattar au Conseil présidentiel des villes, une instance installée en 2018 pour réfléchir aux politiques publiques pour les banlieues populaires. L’animateur franco-marocain en a démissionné l’année suivante après des propos de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale, sur le voile islamique, jugé «pas souhaitable» en France. Mais il a continué à échanger avec le chef de l’État depuis.
Depuis les attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre, Yassine Belattar a donné son avis à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, en s’indignant notamment du traitement médiatique de la guerre dans la bande de Gaza. «La plupart des médias français ont réussi à fusionner la haine des arabes de ce pays à une haine internationale de tous les arabes», écrivait-il par exemple le 29 octobre. «La haine des musulmans est devenue le ticket d’entrée pour les plateaux et les salons parisiens.» Avant la marche contre l’antisémitisme, dimanche, il a justifié sa non-venue par «la présence de l’extrême droite». «Je comprends et soutiens la communauté juive dans son émotion la plus totale face aux évènements du 7 octobre comme je soutiens ce peuple palestinien depuis les bombardements du 8, du 9, du 10, du 11, du 12… a-t-il écrit sur son compte Instagram. Malgré la provocation médiatique qui voudrait mettre ces évènements face à face, je ressens que la population française souhaite tout simplement une humanité durable. Cependant, je ne puis venir dimanche car je ne marche pas avec mes bourreaux.» L’absence d’Emmanuel Macron à cette marche lui a été reprochée par plusieurs camps politiques.