Le bras de fer se prolonge. Le chef étoilé Thierry Marx, président du principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration, l’Umih, demande ce jeudi à être reçu «dans les meilleurs délais» par la Première ministre Elisabeth Borne, alors que Bercy réfléchit à pérenniser la possibilité d’acheter tous types de produits alimentaires au supermarché avec les titres-restaurant.
«Avec sa volte-face sur la prolongation de l’utilisation du titre-restaurant aux produits alimentaires, le Gouvernement envoie un très mauvais signal à notre profession», déplore-t-il. «Dans titre-restaurant, il y a ’’restaurant’’. Ce titre doit rester une aide au déjeuner des salariés ne disposant pas de restaurant d’entreprise. Il ne doit pas devenir un titre-caddie», poursuit le chef.
«Je demande à être reçu dans les meilleurs délais par la Première ministre pour lui faire part de notre incompréhension, notre mécontentement et notre souhait d’un retour rapide à la situation précédant la loi de 2022», ajoute-t-il.
La loi a introduit en 2022 la possibilité d’acheter avec des titres-restaurant des produits alimentaires non directement consommables (farine, pâtes, riz, œufs, poisson, viande, etc.) en supermarché, une dérogation qui devait prendre fin le 31 décembre 2023.
Mais face à la levée de boucliers causée par la fin du dispositif, Bercy a annoncé son souhait de le prolonger en 2024, voire de le pérenniser. «En 2023, c’est un manque à gagner de 200 millions d’euros pour nos restaurateurs», estime le chef, rappelant «qu’en 2023, la grande distribution a vu sa part de marché titre-restaurant augmenter de plus de 6%» quand «celle des restaurants diminuait de 3%».
En marge d’un déplacement en Indre-et-Loire, la ministre déléguée aux PME et au Commerce Olivia Grégoire lui a répondu au nom du gouvernement: «nous sommes et nous serons aux côtés des restaurateurs». Mais «il faut aussi entendre les Français. L’inflation alimentaire (…) demeure assez élevée» et la possibilité de continuer à utiliser les titres-restaurant pour des achats alimentaires en général «est une liberté de bon aloi», a-t-elle ajouté. «Il faut que les restaurateurs l’entendent et je ne doute pas que Thierry Marx l’entende», a conclu Olivia Grégoire.
Dans son communiqué, Thierry Marx avait dit entendre «les voix qui s’expriment à propos de l’utilité de ce titre, en période d’inflation, pour faire ses courses au quotidien.» «L’inflation concerne tous les Français. La hausse des prix impacte aussi nos restaurateurs», avait-il fait valoir, appelant le gouvernement à «concevoir un titre alimentation ou un chèque alimentaire pour lutter contre l’inflation et aider les plus défavorisés».