Mercredi soir, la nouvelle a fait grand bruit dans le monde de la petite balle jaune. Rafael Nadal, l’homme aux 22 titres en Grand Chelem, s’est montré très optimiste quant à un retour à la compétition courant 2024. «Je crois sincèrement que je vais revenir sur les courts. Je ne peux pas encore dire si ce sera à tel endroit ou à un autre, mais je suis content de la façon dont les choses évoluent», a annoncé l’Espagnol depuis une clinique du tennis à Barcelone.

Reste que «Rafa», 37 ans, n’est plus apparu sur les courts depuis l’Open d’Australie 2023, où il avait été éliminé au deuxième tour par l’Américain Mackenzie Mc Donald en trois petites manches (6-4, 6-4, 7-5). Soit bientôt un an sans match à cause d’une lésion au psoas-iliaque, au niveau de la hanche gauche. Retombé au 664e rang mondial, le Majorquin ne se fait pas d’illusions sur son niveau, assurant qu’il «sera difficile de retrouver un très haut niveau de tennis».

Mais son retour est tout sauf une tournée d’adieu : «Si je n’avais pas l’espoir d’être à nouveau compétitif, je n’aurais pas fait le travail que j’ai fait ces mois-ci, l’effort qu’il faut faire après une très longue carrière, alors que les années pèsent», prévient-il. À tel point qu’il se projette désormais au-delà de 2024, qui devait être sa dernière année sur le circuit. «Si je me sens compétitif et que j’aime ce que je fais, pourquoi me limiterais-je ?» Avec Rafael Nadal, rien ne semble impossible.

Mi-mai 2023, c’est le cœur lourd et la voix chargée d’émotion que, depuis Manacor, Rafael Nadal avait annoncé son forfait pour son tournoi favori. «Roland-Garros ? Impossible. Vous pouvez imaginer combien c’est difficile pour moi de prendre cette décision, dictée par mon corps. Je ne suis pas le genre de gars qui vient à Roland-Garros juste pour être là et pour essayer», avait-il expliqué. Entendez : seule la victoire l’intéresse du côté de la Porte d’Auteuil.

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Vainqueur à 14 reprises de la Coupe des Mousquetaires (2005 à 2008, 2010 à 2014, 2017 à 2020, 2022), le Majorquin a nécessairement coché dans son calendrier l’édition 2024 du Grand Chelem parisien (20 mai-9 juin). C’est sans doute là, sur cette terre ocre chérie, dans son royaume, qu’il a le plus de chances de briller, et de regagner un jour un titre majeur. S’il s’aligne, ce ne sera pas pour faire un dernier coucou à un public qui l’a tant admiré, mais bien pour passer des tours. De là à remporter le tournoi… Difficile de l’imaginer tant le «taureau de Manacor» semblait proche de tout abandonner il y a quelques mois à peine. «L’idée n’est pas de revenir pour gagner Roland Garros ou l’Open d’Australie. Que les gens ne soient pas surpris, tout cela est bien loin, je suis conscient des difficultés que je rencontre», avait-il déclaré en septembre à Movistar .

Motif d’espoir pour les inconditionnels de «Rafa» : gagner un tournoi majeur en revenant de blessure, il l’a déjà fait. Après près de six mois de convalescence fin 2021 pour soigner son pied, le gaucher avait remporté l’Open d’Australie en janvier 2022 après une finale exceptionnelle face à Daniil Medvedev (2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 en 5h24 de jeu). Et de manière générale, l’Espagnol a toujours su composer avec les multiples pépins physiques qui ont émaillé sa carrière, jouant régulièrement diminué. Même à 80, 50 ou 40% de ses pleines capacités, Rafael Nadal reste un redoutable adversaire. «Je suis convaincu que le niveau de Nadal sera bon, craint Goran Invanisevic, l’entraîneur Novak Djokovic, dans une interview à Sportske. Il ne reviendrait pas s’il ne se sentait pas prêt, et je suis certain qu’à Roland Garros, il sera dangereux.»

Le clan Djokovic craint-il véritablement un retour en forme de Rafael Nadal ? Grands rivaux pendant plus près de deux décennies, les deux hommes étaient encore il y a peu en concurrence pour le record du nombre de titres en Grand Chelem. C’était avant que le Serbe ne profite de la convalescence de l’Espagnol pour en chiper trois, et prendre de l’avance en tête du classement. Avec son sacre à l’US Open début septembre, «Nole» compte désormais 24 trophées, contre 22 pour «Rafa».

Roger Federer et ses 20 titres ne hantent plus les nuits de Novak Djokovic depuis que le Suisse a pris sa retraite fin septembre 2022. Mais Rafael Nadal est encore en vie. L’Espagnol semble néanmoins résigné et a tenu à tempérer les ardeurs de ses fans : «Je ne vais pas gagner plus de Grands Chelems que Novak Djokovic, mais je vais me donner la possibilité de m’amuser à nouveau.» Il avait récemment affirmé «qu’en termes de titres, Djokovic est le meilleur de l’histoire et il n’y a pas à discuter là-dessus.»

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Peut-être que le Majorquin se sent capable, sur un malentendu, d’aller chercher un ou deux titres majeurs. Mais son abdication est plutôt le constat qu’à 36 ans, son grand rival est encore en pleine possession de ses moyens. Hormis quelques ennuis au coude et contrairement à Nadal, Djokovic a été épargné par les blessures. Et sa soif de gloire est inépuisable.

Invité il y a quelques semaines de l’émission C à vous, le numéro 1 mondial s’est confié sur sa relation avec Nadal : «On ne peut pas dire qu’on est amis mais nous avons du respect l’un pour l’autre. Personnellement, j’espère qu’après nos carrières, on pourra aller boire un verre sur la plage et parler de la vie avec moins de stress et d’attentes.» Le verre sur la plage attendra. Les deux hommes ont encore quelques coups de raquette à s’échanger.

Goran Invanisevic, l’entraîneur de Novak Djokovic, en est persuadé : Rafael Nadal «sera encore plus dangereux cette année, car personne n’a jamais été aussi dominant que lui à Roland-Garros, et il est possible que, l’année des Jeux olympiques, il vise la double couronne à Paris». Le tournoi des tennis des JO se jouera en effet… à Roland-Garros.

Au moment de sa fameuse conférence de presse de mai 2023, l’Espagnol avait affirmé que les Jeux olympiques sont un tournoi «important» pour lui et qu’il aimerait y participer. Il avait raflé la médaille d’or en simple en 2008 à Pékin, et en double en 2016 à Rio de Janeiro. Depuis cette déclaration, la rumeur d’une paire de double avec Carlos Alcaraz enfle.

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«Je n’ai pas eu la moindre conversation avec lui (Alcaraz) dans ce sens. Mais j’aimerais aussi, et ce serait une bonne motivation, un encouragement pour moi, clôturer mon cycle olympique en jouant avec Carlos, avec tout ce qu’il est en train de réaliser, avec les jeunes et avec le grand avenir qu’il a devant lui», avait confié le Majorquin au quotidien AS en septembre. Son digne successeur, en tout cas, adore l’idée : «C’est dans un an, tant pour lui que pour moi, il peut se passer beaucoup de choses, avait-il dit en mai. Mais j’espère qu’on sera tous les deux aux Jeux Olympiques. Ce serait bien sûr un rêve de pouvoir jouer en double avec Rafa aux J.O. l’année prochaine.»

En attendant, Rafael Nadal poursuit sa phase de reprise, pas à pas. Avant même de penser aux titres, aux Jeux et aux Grands Chelems, le simple fait de revoir la légende sur un court de tennis ravira les fans espagnols… Et de tennis.

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