Envoyé spécial à Nice

On ne va pas vous raconter d’histoire et passer pour des menteurs. En dehors du fait de s’imposer contre la 198e nation Fifa samedi soir à Nice (20h45, TF1), afin de valider le statut de tête de série en vue du prochain tirage de l’Euro le 2 décembre prochain, l’intérêt de cette rencontre est assez faible. Les Bleus vont, sauf immense surprise, s’imposer largement et il n’y aura pas grand-chose à tirer comme enseignement de cette partie tant l’adversité s’annonce faible. «Je ne vais pas faire peur aux joueurs mais respecter l’adversaire avec ce match spécifique contre une équipe regroupée, comme on l’a eu là-bas, avance «DD». Je comprends qu’ils n’aient pas d’inquiétude, il n’y a pas à en avoir, au-delà de faire le job, c’est-à-dire gagner. Avec tout le respect pour Gibraltar, personne ne peut penser qu’ils vont nous créer des difficultés.» Si l’on veut être optimiste, l’intérêt principal de ce rendez-vous résidera dans le fait d’assister au début de la belle histoire de Warren Zaïre-Emery en équipe de France. Une première très attendue dans un stade à guichets fermés.

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Sans trop de surprise, Warren Zaïre-Emery devrait fêter sa première titularisation chez les Bleus. C’est en tout cas ce qui découlait dans la mise en place de veille de match de Didier Deschamps. Le Parisien sera associé à Adrien Rabiot et Antoine Griezmann au milieu. Dans le reste du onze probable, Jean-Clair Todibo, local de l’étape azuréenne, a été aligné avec Dayot Upamecano en défense centrale. L’occasion pour lui de marquer des points en vue de l’Euro au regard de la concurrence XXL dans ce secteur de jeu. A droite, Jonathan Clauss sera reconduit, tout comme Théo Hernandez à gauche devant Mike Maignan, titulaire samedi mais qui devrait laisser sa place à Brice Samba mardi à Athènes. En attaque, comme prévu, Marcus Thuram serait préféré à Giroud et Kolo Muani, entouré de Kylian Mbappé et Kingsley Coman.

Le onze probable des Bleus Maignan – Clauss, Todibo, Upamecano, T. Hernandez – Zaïre-Emery, Rabiot – Coman, Griezmann, Mbappé (cap) – Thuram

Avec le Paris SG, il est déjà précoce sur bon nombre de records. Plus jeune de l’histoire à jouer en Ligue 1, à marquer, à disputer la Ligue des champions… En équipe de France, c’est presque la même chose. Grande attraction du dernier stage de l’année, le Parisien devrait devenir samedi soir le plus jeune joueur à revêtir le maillot bleu depuis… 1911. À 17 ans, 8 mois et 10 jours. Il serait donc le plus jeune international français de l’après-guerre. «Il est fascinant, témoigne son capitaine Kylian Mbappé, sous le charme. L’autre jour il faisait ses devoirs (Zaïre-Emery est en terminale STMG) à Clairefontaine après l’entraînement, c’est n’importe quoi.» Pendant toute la semaine, «WZE» s’est acclimaté aux A, avant de monter en puissance et forcément tout le monde attend de le voir contre Gibraltar. Le moment est idéal, sans pression du résultat et face à un faible adversaire, pour prendre des marques en vue de l’Euro.

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Depuis mi-juin et une conférence de presse à Faro qui l’avait agacé car la grande majorité des questions tournait autour de son avenir au PSG, Kylian Mbappé avait brillé par son absence face aux médias. Vendredi soir dans les travées de l’Allianz Riviera, il s’est présenté avec le sourire mais déterminé à communiquer. «J’avais annoncé dès ma première prise de parole que je ne ferais pas toutes les conférences de presse et que je ne suis pas le supérieur hiérarchique d’Antoine Griezmann, souffle-t-il pour expliquer les raisons de son silence. J’ai fait les trois premières conférences de presse, il a fait les trois suivantes. J’avais aussi dit qu’on laisserait la porte à de nouveaux leaders. Mike Maignan est venu, Aurélien Tchouaméni aussi. Le coach m’a dit de revenir et je fais ce qu’il me dit. C’est une volonté de partager le leadership. Je ne me suis jamais caché, j’ai toujours assumé. J’ai envoyé ma lettre (au PSG) et je me suis présenté devant les médias une semaine après et j’ai eu neuf questions sur 11 au sujet du PSG, une sur les JO et une sur Gibraltar parce que je l’ai demandée… Je n’ai pas peur de venir ici. L’équipe de France n’est pas mon équipe. Elle n’appartient à personne, on est tous à son service, il y a plusieurs leaders, j’en fais partie et c’est pour cela que je suis là aujourd’hui.» Pendant 15 minutes, il a répondu à tout… sauf aux questions sur son avenir.

Sans manquer de respect à l’adversaire des Bleus, pas grand-chose. Ils sont instituteurs, garde-côte ou agent de douanes, et ils affronteront l’équipe de France samedi à Nice. Les joueurs de Gibraltar, pour la plupart amateurs, voient le bout de pénibles éliminatoires, dont leurs résultats (6 défaites) sont l’inverse de ceux des Bleus (6 victoires), déjà qualifiés pour l’Euro 2024. Gibraltar n’a gagné que 8 de ses 82 matches officiels, pour 30 buts marqués et 271 encaissés. Sa plus prestigieuse victoire ? C’était le 13 octobre 2018 en Arménie (101e mondial à l’époque), succès 0-1 en Ligue des nations. Glorieuse époque, car l’année 2023 est bien sombre. Gibraltar est en route pour boucler l’année avec zéro but inscrit, du jamais-vu dans son histoire