Parfois qualifié de «Trump argentin», le nouveau président de la République argentin Javier Milei a battu ses rivaux libéraux et péronistes au pouvoir depuis 20 ans. Le nouveau chef d’État, que la presse qualifie généralement d’«antisystème», leur a opposé des saillies enflammées à la saveur d’un ultralibéralisme complètement assumé.

Visant tour à tour dans un style outrancier les grandes institutions de l’État, les «gauchistes» ou encore «l’idiot qui se trouve à Rome» en faisant référence à son compatriote le pape François, Javier Milei n’est pas avare en déclarations chocs. Le Figaro propose un florilège.

L’ultralibéral chef d’État s’est défini en ces termes pour «anarcho capitaliste». «Je suis le général AnCap [anarcho capitaliste]. Je viens de Liberland, une terre créée sur le principe de l’appropriation originelle de l’homme (…) Ma mission est de botter les fesses des keynésiens et des collectivistes de merde.» Le président élu explique en ces termes son programme libéral dans lequel il prévoit de couper «à la tronçonneuse» les budgets de l’État. Il explique aussi à l’occasion de chacun de ses meetings qu’il n’est pas là «pour guider des agneaux, mais pour réveiller des lions!».

Javier Milei a nommé l’État comme ennemi public numéro 1. Parmi toutes ses déclarations sévères, le nouveau président argentin a notamment déclaré lors d’une interview réalisée au Chili, qu’il préférait la mafia à l’État, rapporte la revue Le Grand Continent . «Entre la mafia et l’État, je préfère la mafia. La mafia a des codes, elle tient ses engagements, elle ne ment pas, elle est compétitive.» Dans une autre déclaration cette fois-ci très vulgaire, l’ancien économiste pour la société Aeropuerto 2000 a comparé l’État à un «pédophile», détaille aussi Le Grand Continent. «L’État c’est un pédophile dans une école maternelle avec des enfants enchaînés et enduits de vaseline.»

Dans une vidéo qui a beaucoup été relayée sur les réseaux sociaux, Javier Milei détaille caricaturalement les grandes lignes de son programme qui se résume à supprimer les ministères non régaliens. Devant un tableau, le candidat désormais élu, détache les étiquettes de plusieurs ministères en commentant simplement: «Afuera!» [Dehors!].

Javier Milei a notamment promis de supprimer le ministère de la Santé, le ministère de l’Éducation, des Affaires sociales et celui du Droit des femmes. Il veut que le secteur privé prenne en charge la santé et l’éducation, et supprimer les aides sociales pour rétablir les comptes de l’État.

Dans son ultralibéralisme, Javier Milei s’en est aussi pris à la Banque centrale argentine qu’il veut «dynamiter». Face à l’inflation catastrophique des deux dernières décennies, il vise tout particulièrement la monnaie argentine, le pesos, qu’il qualifie d’«excrément». «Jamais en pesos, jamais en pesos ! (…) Il a moins de valeur que l’excrément, ce déchet ne sert même pas à fabriquer de l’engrais», a déclaré le candidat à la présidentielle quand on lui demandait s’il était judicieux de gérer son épargne avec cette monnaie. Cette déclaration a entraîné dans la foulée une chute drastique du pesos sur le marché.

Dans ses meetings, le nouveau chef d’État s’est illustré en assénant souvent ce juron. «Viva la libertad, carajo!» Javier Milei a misé notamment sur cette vulgarité pour gagner sa popularité auprès des jeunes. Ancien chanteur de rock et joueur de football, le «Trump argentin» est volontiers vulgaire dans ses discours.

Fidèle à sa rhétorique provocatrice, Javier Milei a promis de supprimer «le ministère de la Femme». «Dans mon gouvernement, il n’y aura pas de marxisme culturel. Et le ministère de la Femme, je l’éliminerai. Je ne m’excuserai pas d’avoir un pénis. Je n’ai pas à avoir honte d’être un homme blanc, blond, aux yeux bleu clair», a-t-il déclaré en mai 2022.

Le «Trump argentin» s’en est pris aussi directement au pape François, lui-même argentin, et qui a fait de la justice sociale un des grands axes de son pontificat. «Le pape, je vais vous le dire en face, c’est le représentant du diable sur Terre. Il faudrait informer “l’idiot qui se trouve à Rome” que l’envie, qui est le fondement de la justice sociale, est un péché capital», a-t-il notamment affirmé. Javier Milei a également qualifié François de «Jésuite qui promeut le communisme».

Face à ces attaques répétées, une messe avec de nombreuses personnalités avait été dite au début du mois de septembre pour soutenir le pontife. «Je respecte le pape comme chef de l’Église catholique et comme chef d’État», et «chef spirituel d’une grande majorité d’Argentins», a tempéré par la suite celui qui était candidat à l’élection présidentielle.

Le nouveau président argentin s’est aussi prononcé contre l’avortement, autorisé pour toutes les femmes dans le pays depuis 2020, au nom du «droit illimité à la vie d’autrui». «Je défends la vie qui commence dès la conception», a-t-il déclaré. «Lorsqu’on part d’un principe moral erroné, le résultat est immonde – comment peut-on considérer comme un droit acquis le fait de pouvoir tuer d’autres êtres humains ?»

Celui qui fait donc trembler les associations féministes a aussi déclaré de but en blanc dans une interview le 15 août, comme le rapporte TV5 Monde, que l’avortement était «un meurtre aggravé où il y a une énorme disparité de forces parce qu’une personne abuse de l’autre», rejoignant le pape cette fois-ci dans son langage franc ce sur ce sujet. En effet, François avait par exemple affirmé que recourir à l’avortement était comparable au fait de recourir à des «tueurs à gages». Javier Milei a déclaré qu’il soumettrait la question de l’avortement à un référendum.

En 2021, à ses débuts en politique, Javier Milei n’avait pas hésité à insulter son adversaire politique, le maire de Buenos Aires, le qualifiant de «putain de gauchiste» et de «merde chauve», comme le rapporte le journal argentin Clarin.