Rui Pinto, l’homme à l’origine des «Football leaks», sera jugé mercredi à Paris pour avoir téléchargé des pièces jointes et des informations contenues dans des emails de dirigeants du club de football Paris Saint-Germain, a appris l’AFP lundi de sources proches du dossier.

Ce Portugais de 35 ans est la source des révélations «Football leaks», une gigantesque fuite d’informations qui a profondément secoué la planète foot.

Mercredi, il sera jugé devant le tribunal correctionnel lors d’une audience de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaider-coupable à la française.

Plus précisément, il lui est reproché d’avoir, entre 2015 et 2019, en France, au Portugal et en Hongrie, accédé frauduleusement aux boîtes mail du directeur financier du PSG, du directeur général adjoint et d’une assistante de direction générale, selon une source proche du dossier.

Il lui est également reproché d’en avoir extrait frauduleusement des données.

«Personne ne peut contester que Rui Pinto est un exceptionnel lanceur d’alerte», a commenté auprès de l’AFP son avocat William Bourdon.

«Il a permis la révélation de faits gravement contraires à l’intérêt général et l’ouverture d’enquêtes dans plusieurs pays européens. Cette contribution a été reconnue y compris par les juridictions portugaises alors qu’il continue à être persécuté par la voyoucratie du football.»

Contacté, l’avocat du PSG, Antoine Maisonneuve, n’a pas souhaité réagir.

Ces fuites avaient notamment abouti à l’ouverture d’une enquête préliminaire à Paris, visant le PSG: le club était accusé d’avoir inclus des critères ethniques dans ses fiches d’évaluation de jeunes joueurs, entre 2013 et 2018. L’enquête avait été classée sans suite en août 2022 «faute d’infraction suffisamment caractérisée». Mais une plainte avec constitution de partie civile, déposée en février dernier, pourrait relancer les investigations.

Transmise à un consortium de médias d’investigation européens, la manne d’information découlant des «Football leaks» a mis en lumière des pratiques douteuses impliquant joueurs vedettes, clubs et agents, qui ont ensuite fait l’objet de redressements fiscaux et d’enquêtes judiciaires dans plusieurs pays.

Rui Pinto est également à l’origine des «Luanda Leaks», une enquête publiée en janvier 2020 accusant la femme d’affaires Isabel dos Santos, fille de l’ancien président angolais Jose Eduardo dos Santos, d’avoir accumulé une immense fortune de manière frauduleuse sous le règne de son père.

La justice portugaise l’a condamné en septembre à une peine avec sursis de quatre ans d’emprisonnement.

A la fois prévenu et témoin protégé, le jeune homme avait revendiqué pendant son procès un rôle de lanceur d’alerte, mais reconnu avoir commis des intrusions informatiques illégales pour obtenir des millions de documents.