Poser un lapin à son médecin ne devrait plus rester impuni très longtemps. Ces rendez-vous non honorés, bête noire des blouses blanches, sont dans le viseur des sénateurs, qui ont introduit une «taxe lapin» dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale en cours d’examen. Invité dans la matinale de Sud Radio ce mercredi, le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, s’est dit favorable à «un mécanisme qui permette de sanctionner» les patients en question. «Je trouve qu’il y a un gâchis énorme et je partage ce problème soulevé par les médecins», a-t-il ajouté.
Le gouvernement semble pour l’heure indécis sur la nature de la sanction. «Je ne sais pas si ce sera une taxe», s’est empressé de nuancer le ministre. Pour rappel, la taxe proposée par les sénateurs consisterait à faire payer une somme forfaire à chaque assuré qui n’aurait pas honoré son rendez-vous auprès d’un professionnel de santé de ville. Le montant en serait fixé par décret et affecté à l’Assurance-maladie. La somme pourrait être réglée directement par l’assuré à sa caisse, prélevée sur son compte bancaire avec son autorisation ou récupérée, par l’organisme d’Assurance-maladie, sur les prestations de toute nature à venir.
Ce n’est pas la première fois que les parlementaires font part de leur volonté de serrer la vis à l’égard des patients mal élevés. Au moment de l’examen de la loi Rist, les sénateurs avaient voté un amendement instaurant une «indemnisation du médecin à la charge de l’assuré social» qui n’honorerait pas son rendez-vous. Cette disposition n’avait pas été retenue dans le texte final. Le gouvernement semble cette fois vouloir aller de l’avant. Outre la déclaration de Thomas Cazenave, les médecins peuvent compter sur le soutien d’Emmanuel Macron, qui affirmait en janvier dans une interview au Parisien qu’il fallait «responsabiliser mieux les patients», et que «ceux qui ne viennent pas aux rendez-vous seront un peu sanctionnés».
Les blouses blanches attendent le gouvernement au tournant, alors que le phénomène est lui en pleine expansion. Plus de 40 % des généralistes rapportent au moins cinq rendez-vous non honorés par semaine, selon une enquête publiée lundi par nos confrères du «Généraliste ». L’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’ordre des médecins estimaient, au début de l’année 2023, que le phénomène concernait 6 à 10 % des patients disposant d’un rendez-vous chaque semaine. De son côté, la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam), évoque un taux d’annulation des rendez-vous qui pourrait s’établir entre 3 et 4 %.