Les éliminatoires terminées, les regards sont tournés la phase finale de l’Euro 2024. La prochaine édition du championnat d’Europe est prévue de 14 juin au 14 juillet en Allemagne. Le tirage au sort de la phase de groupes aura lieu le 2 décembre, et certaines nations vont l’aborder plus sereinement que d’autres. Tour d’horizon des états de forme des favoris à sept mois du tournoi.
Vice-championne du monde, la France lorgne sur l’Euro 2024 avec des certitudes, même si Didier Deschamps maudit ce mot et préfère parler de «convictions profondes». Prudent, le sélectionneur des Bleus n’a pas oublié la forme olympique que tenait son groupe avant l’Euro 2020 et une étonnante sortie de route en 8es de finale (contre la Suisse aux tirs au but). Mais force est de constater que la France, qui vient de boucler des éliminatoires proches de la perfection (10 matches, 9 victoires et un résultat nul), coche de nombreuses cases. Stabilité, mélange de jeunesse et d’expérience, joueurs de classe mondiale : tous les feux sont déjà au vert.
Il s’agira pour la France de garder cette forme jusqu’en juin, comme pour le Portugal, seul pays à avoir gagné tous ses matches (10) des éliminatoires et à les avoir bouclés avec la meilleure attaque (36 buts). Avec (ou malgré, c’est selon) un Cristiano Ronaldo vieillissant, la Seleção pratique un football léché, digne de son riche réservoir offensif. Roberto Martinez, nommé sélectionneur en janvier dernier, n’aurait pas pu rêver d’une meilleure première année au Portugal.
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Son voisin ibérique, l’Espagne, devrait aussi aborder l’Euro avec confiance. Elle est restée fidèle à son style (73,5% de possession de balle sur les éliminatoires) malgré le départ de Luis Enrique et l’arrivée de Luis De La Fuente à sa tête après la Coupe du monde 2022. Elle a déroulé pour se qualifier sans trembler, et a fait passer un message en juin avec son sacre en Ligue des nations. La grave blessure du milieu Gavi, très incertain pour l’Euro, est le point noir de sa fin d’année. Mais elle a du temps pour s’ajuster.
«Nous serons l’une des équipes capables de gagner» l’Euro 2024, notait le sélectionneur de l’Angleterre, Gareth Southgate, en octobre. Mais il s’est avoué «fatiguer de lutter contre» les critiques cette semaine, prédisant que «peu importe le résultat de demain, les gens diront que c’est un adversaire moins bien classé», avant le match nul en Macédoine du Nord (1-1). Les Three Lions, finalistes de l’Euro 2020, sont restés invaincus dans ces éliminatoires (6 victoires, 2 nuls). Mais le fond de jeu de l’équipe d’Harry Kane, Jude Bellingham et consorts laisse un goût amer chez les observateurs.
C’est nettement plus poussif chez les Pays-Bas, qui n’ont quasiment pas existé lors de leur double confrontation face à la France en éliminatoires (4-0 puis 1-2). À part ça, que des victoires sur un score minimaliste. Les grands talents néerlandais se font rares en 2023, hormis le milieu offensif Xavi Simons, prêté par le PSG à Leipzig.
Il y a un peu moins ce problème chez la Belgique de Kevin De Bruyne, Jérémy Doku et Romelu Lukaku, invaincue en 8 rencontres. Mais les Diables Rouges, dont la génération dorée a presque entièrement passé le relais, sont habitués à cartonner en éliminatoires. Ils l’ont d’ailleurs un peu moins fait, en témoignent leurs victoires laborieuses en Azerbaïdjan (0-1) et en Autriche (2-3) au début de l’automne.
Fut un temps, l’Allemagne avait tout du prédateur à un championnat d’Europe, encore plus si elle l’organisait. À sept mois de «son» Euro, elle est pourtant une bête grièvement blessée. Après une nouvelle élimination choc au 1er tour d’une Coupe du monde l’an dernier, elle a aligné 5 matches sans victoire, dont des défaites contre la Pologne (1-0), la Colombie (0-2) et le Japon (1-4). Hansi Flick a été limogé, remplacé par Julian Nagelsmann, impuissant face à une nouvelle déroute à domicile contre la Turquie samedi dernier (2-3), suivi d’un échec mardi en Autriche (2-0). «Il ne faut pas tout voir négativement, nous devons rester convaincus du chemin que nous prenons», a encouragé Nagelsmann, pas aidé par le manque de joueurs majeurs et créatifs que produit l’Allemagne en attaque.
La Mannschaft peut s’estimer heureuse : elle n’a pas eu à faire les éliminatoires contrairement à l’Italie, passée à un cheveu des barrages après un nul arraché contre l’Ukraine lundi (0-0). Battue deux fois par l’Angleterre cette année (1-2 puis 3-1), elle a dû digérer la démission surprise, en août, de Roberto Mancini, sélectionneur depuis 2018. Il a été remplacé par Luciano Spalletti, qui pensait prendre une année sabbatique après un titre de champion d’Italie avec Naples. Il a hérité d’un effectif qui ne fait pas rêver grand-monde. «Nous n’avons pas de grand joueur ? Ce n’est pas vrai. On en a un : c’est Federico Chiesa», a répliqué Spalletti. Ça paraît léger pour une équipe tenante du titre à l’Euro, qui risque surtout de reposer sur l’homme élu meilleur joueur du tournoi il y a deux ans et demi : le gardien du PSG, Gianluigi Donnarumma.