«Communes attaquées, République menacée». Le thème du 105e Congrès de l’Association des maires de France (AMF), qui se tient depuis lundi à Paris, donne le ton. Ébranlés par la brutalité des émeutes qui s’est abattue sur la France cet été, les élus locaux doivent désormais composer avec une violence ambiante et quotidienne. Un climat d’insécurité mis en lumière par les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, qui note une augmentation de 32% des agressions envers les élus en 2022 et prévoit une nouvelle hausse de 15% pour 2023.

Remparts de la République à l’échelle locale, les maires se voient plébisciter par les Français. Ils sont 65% à avoir une bonne opinion de leurs édiles selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Un résultat en hausse de deux points par rapport à 2019, signe d’une reconnaissance croissante de la population. Élus préférés des Français, les maires devancent de loin les présidents de région (39%) et de département (37%) mais aussi les députés (38%) et sénateurs (27%).

Une reconnaissance qui ne se traduit pourtant pas financièrement. Pour 59% des Français, les maires ne perçoivent pas une rémunération à la hauteur de leurs fonctions. Le président de l’AMF, David Lisnard, dressait déjà ce constat dimanche : «La majorité des maires gagnent moins de 1080 euros, en dessous du SMIC. Très souvent, ils sont perdants financièrement». Mais le maire de Cannes l’assure, le sujet pécuniaire n’est «pas du tout prioritaire dans l’esprit des élus». Si le salaire n’est pas la motivation première des édiles, 52% de la population considère tout de même qu’une hausse de leurs revenus serait efficace pour remédier à la crise des vocations. Par rapport au mandat précédent, le rythme de démission des maires a augmenté de 30%, selon une enquête Cevipof pour Le Monde .

L’épisode des violences urbaines en juin et juillet dernier a constitué le point culminant de la solitude des maires face à l’insécurité. L’attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, durant les émeutes révélant toute la brutalité à l’encontre des élus municipaux. Et l’annonce du gouvernement en juillet dernier d’un plan de lutte national contre les violences envers les élus n’y a rien fait : 64% des Français continuent de penser que la sécurité des élus locaux est mal assurée. Un chiffre qui a bondi de 8 points depuis janvier 2022. Les citoyens pointent en outre un service de protection aux élus à géométrie variable. Pour 85% d’entre eux, les ministres et les parlementaires ont droit à un dispositif de sécurité satisfaisant. La dangerosité présumée de la profession fait par ailleurs dire à 61% des Français qu’ils renonceraient à se présenter à une fonction élective.

Si les élus locaux sont largement soutenus par les Français, le retour éventuel du cumul des mandats local et national, lui, ne trouve pas grâce à leurs yeux. Parmi les 72% de réfractaires, les sympathisants de gauche se montrent les plus opposés à la réhabilitation du dispositif. En tête, les électeurs écologistes (81%), suivis des socialistes (77%) et des Insoumis (75%). Même son de cloche chez les proches du Rassemblement national, qui sont 73% à s’y montrer défavorables. Les proches des Républicains se révèlent moins sévères, avec seulement 54% d’hostilité à la mesure tandis que chez Renaissance, la désapprobation s’élève à 65%.