L’année 2023 sera celles des restitutions, si on en croit l’annonce faite par la ministre de la Culture,Rima Abdul Malak, dans un entretien au Monde . Pas moins de trois lois-cadres vont être présentées au parlement, la première visant à faciliter le retour d’objets culturels étrangers et la deuxième, la restitution de restes humains conservés dans les musées. Le troisième texte donnera un coup d’accélération au mouvement de restitutions concernant les biens juifs spoliés sous l’Occupation. «Il faut aller au bout de notre devoir de mémoire», explique la ministre.

Ces lois devraient permettre de modifier le code du patrimoine, et autoriser, le cas échéant, la sortie d’un ou plusieurs objets des collections nationales – ces dernières étant réputées inaliénables. Récemment, la restitution de onze œuvres aux ayants droit d’Armand Dorville, avocat juif décédé en 1941 et dont la collection d’art a été dispersée en 1942, à Nice, a contraint le gouvernement de faire voter une loi. Les onze œuvres avaient été en effet acquises par le Louvre, et faisaient partie des collections du musée. De même, la restitution de 26 regalia du Dahomey à l’actuel Bénin, avait nécessité un passage devant le parlement, les objets étant conservés au musée du Quai Branly.

Emmanuel Macron, qui a fait des restitutions d’œuvres d’art africaines un axe de sa politique étrangère, a chargé l’ancien président-directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, de fixer une doctrine et des critères. Son rapport doit être remis dans les prochaines semaines, a indiqué le ministère. Selon le rapport Sarr- Savoy, près de 90.000 œuvres africaines sont conservées dans plusieurs musées français. Un travail de recensement est en cours, pour déterminer ce qui a été pillé, doit en principe être rendu et à qui.

Plus délicate sera la troisième loi-cadre sur la restitution de restes humains. Le musée de l’Homme en conserve par exemple 30.000, dont certains datent de la période coloniale. En 2010, des têtes de Polynésiens maoris avaient été restituées à la Nouvelle-Zélande, grâce à une loi. C’est la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly qui sera chargée de ce projet très délicat.

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