Les créanciers d’Orpea et la Caisse des dépôts (CDC) se sont séparés sur un constat d’échec dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’ils tentent de trouver une solution sur l’avenir du géant des maisons de retraite. La Caisse des dépôts, bras financier de l’État, a proposé de relever à 1,3 milliard d’euros son offre initiale d’apport d’argent frais – contre 700 millions d’euros au départ -, indique à l’AFP une source interne à la CDC.

C’est 80% de la somme totale (1,5 milliard d’euros) dont Orpea a besoin pour poursuivre son activité et mettre en œuvre le plan de transformation annoncé à l’automne par son nouveau directeur général Laurent Guillot. Mais les discussions engagées sur la restructuration de la dette achoppent sur la valeur à laquelle la dette non sécurisée aux mains d’un groupe d’investisseurs sera transformée en capital.

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Parmi ces investisseurs, qui détiennent 1,8 milliard d’euros de dette (sur un total de 9 milliards de dette), figurent des gérants et des fonds spéculatifs, dont Anchorage, Boussard

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«Si les résidents sont mieux traités, les charges vont augmenter et les marges baisser, et la société vaut moins», dit-on au sein de l’institution publique. «Il n’y a pas d’accord aujourd’hui. Notre offre reste sur la table». Selon une source proche des créanciers, la conciliatrice a proposé un «compromis», qu’ils ont accepté et que la Caisse des dépôts a refusé.

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L’offre de la Caisse des dépôts «lèse les intérêts d’épargnants qui ont perdu déjà beaucoup», selon cette source. Les détenteurs de la dette d’Orpea sont en majorité des mutualistes, gérants d’épargne-retraite et d’assurance-vie français, «prêts à accompagner Orpea dans la durée», selon cette source. «Malgré ses efforts pour aboutir» à un accord, Orpea «constate avec regret que les attentes respectives du consortium d’investisseurs et du groupe de financiers non sécurisés (…) ne permettent pas de trouver un accord» et «ces négociations prennent par conséquence fin», a déclaré le groupe privé dans un communiqué publié jeudi soir.

Orpea «poursuivra les discussions avec le groupe de financiers non sécurisés dont le soutien est nécessaire pour aboutir à un accord sur un plan de restructuration», à savoir «la capitalisation de 3,8 milliards d’euros de dettes non sécurisées et une augmentation de capital comprise entre 1,3 et 1,5 milliard d’euros», ajoute-t-il. Le groupe Orpea, exposé à un risque de manque de liquidités au premier trimestre 2023 et affecté par la hausse des coûts alimentaires et énergétiques, a jusqu’à mi-février pour trouver une solution dans le cadre d’une procédure amiable de conciliation. À la Bourse de Paris, l’action Orpea a chuté jeudi de plus de 7,7% à 6,83 euros (contre 85 euros avant la publication des Fossoyeurs), dans un marché en recul de 1,86%.