Les subventions des États ne suffiront pas: pour garder ou attirer des industries stratégiques en Europe, «il est essentiel de mobiliser aussi des investissements privés», a insisté vendredi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire.
Alors que les Européens cherchent la parade à l’Inflation Reduction Act (IRA) américain, qui accorde de généreuses subventions aux filières industrielles stratégiques implantées sur le territoire des États-Unis, «il n’y a pas une seconde à perdre pour mettre des investissements sur la table» du côté de l’Union européenne, a-t-il déclaré sur BFM Business. Les Européens craignent en effet que la préférence nationale accordée par Washington ne pousse les spécialistes des batteries, de l’hydrogène ou des voitures électriques à s’implanter aux États-Unis plutôt que sur le Vieux Continent.
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Pour éviter ce scénario catastrophe, Bruno Le Maire a évoqué vendredi depuis le Forum économique mondial deux réponses à mettre en œuvre conjointement. La première consiste à obtenir des «exemptions» et des «concessions» des Américains, en d’autres termes faire en sorte que les produits stratégiques fabriqués en Europe puissent bénéficier des mêmes subventions que ceux produits sur le sol américain.
La deuxième solution consiste à élaborer une «nouvelle politique industrielle européenne, avec des investissements dans quelques secteurs limités mais absolument stratégiques». «Ça peut être des investissements publics, ça peut aussi être des investissements privés. Et il est essentiel de mobiliser aussi des investissements privés», a poursuivi le ministre.
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«De ce point de vue, réaliser le marché unique de capitaux (en Europe) devient maintenant une urgence absolue», a martelé le numéro deux du gouvernement français. La création de ce marché, qui faciliterait la circulation des capitaux d’un État membre à l’autre et pourrait attirer davantage d’investissements étrangers, «est la seule façon de lever des fonds suffisants pour que les investisseurs industriels se disent que l’Europe leur donne les fonds dont ils ont besoin (…) pour réaliser leurs investissements sur le territoire européen», a estimé Bruno Le Maire.