La championne d’échecs iranienne, Sara Khadem (ou Khademalsharieh) exilée en Espagne après avoir participé à un tournoi international sans hijab, a expliqué «ne pas être elle-même» quand elle portait le voile. Elle est bien connue du circuit professionnel français puisqu’elle a joué pour le très fort club de Clichy, qui est vice-champion d’Europe 2022 par équipes.
En décembre, la maître international de 25 ans, était apparue sans foulard lors des championnats du monde d’échecs de parties rapides de la Fédération internationale des échecs (FIDE), à Almaty au Kazakhstan.
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Cette décision avait alors été vue par certains comme une marque de soutien aux manifestations qui ont lieu en l’Iran depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, arrêtée pour une supposée violation du code vestimentaire strict du pays pour les femmes. Début janvier, Sara Khadem s’était installée en Espagne avec son mari, le réalisateur Ardeshir Ahmadi, et leur fils de 10 mois, Sam.
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Dans un entretien publié dimanche dans le quotidien El Pais, Sara Khadem explique qu’avant le tournoi d’Almaty, elle ne porterait le hijab que «s’il y avait des caméras, parce que je représentais l’Iran». «Mais avec le voile, je ne suis pas moi-même, je ne me sens pas bien, je voulais donc mettre un terme à cette situation. Et j’ai décidé de ne plus le porter», ajoute la joueuse d’échecs dans sa première déclaration publique depuis son installation en Espagne. Le quotidien précise que l’entretien s’est déroulé dans «un lieu secret pour des raisons de sécurité».
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Les Iraniennes sont tenues de respecter le code vestimentaire de la république islamique, principalement en se couvrant la tête, lorsqu’elles représentent leur pays lors d’événements internationaux. Sara Khadem dit également espérer que ses proches en Iran ne «subiront pas de représailles parce que si quelqu’un doit donner des explications pour mes actes, c’est moi, pas eux, car cette décision était uniquement la mienne». Elle explique avoir songé à quitter son pays après la naissance de son enfant. «J’ai commencé à envisager de vivre dans un endroit où Sam pourrait sortir dans la rue et jouer sans être inquiété, des choses comme ça. L’Espagne est apparue comme la meilleure option». Sara Khadem ajoute qu’elle aimerait continuer à représenter l’Iran dans des tournois d’échecs et qu’elle envisage désormais de présenter des programmes d’échecs en ligne. «J’en avais eu l’idée il y a plusieurs années, mais je ne voulais pas le faire d’Iran avec le voile», a-t-elle avoué.
Une partie victorieuse de Sara Khadem face à la Chinoise Lu Miaoyi aux championnats du monde de blitz et rapides 2022