Série de démissions en Ukraine, déclarations de l’Otan, réaffirmation du soutien de Berlin, expulsion d’ambassadeurs russes… Le Figaro fait le point sur la guerre en Ukraine ce mardi 24 janvier.
Dans un revirement spectaculaire, l’Allemagne a finalement décidé de livrer directement des chars Leopard à l’Ukraine et d’autoriser par ailleurs la réexportation à destination de Kiev des mêmes blindés que des alliés, comme la Pologne ou la Finlande, possèdent dans leurs propres stocks. L’information a été annoncée par le Spiegel, et l’initiative allemande intervient après que Washington aurait accepté, de son côté, de livrer des chars Abrams, selon le Wall Street Journal et Reuters. Ainsi l’exigence d’Olaf Scholz d’une initiative commune dans laquelle Berlin ne ferait pas «cavalier seul» serait satisfaite. Les Etats-Unis pourraient de leur côté accepter de livrer des chars Abrams, affirme de son côté le Wall Street Journal.
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Le président finlandais, en visite surprise à Kiev, a suggéré mardi d’utiliser les importantes capacités de son pays pour entraîner des soldats ukrainiens sur le char de combat Leopard 2, réclamé avec insistance par l’Ukraine à plusieurs pays européens dont l’Allemagne. Dans le cadre de la discussion en cours en Europe sur l’hypothèse d’envoyer des chars de plusieurs pays, «il y a plusieurs possibilités sur le rôle de la Finlande», a déclaré le président Sauli Niinistö lors d’une conférence de presse son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, en promettant qu’Helsinki serait «constructif».
«Nous avons parlé de créer une plateforme séparée pour renforcer l’Ukraine en blindés, notamment des chars. Je suis très heureux que la Finlande y prenne sa place appropriée», a affirmé le chef d’État ukrainien. Le président de la Finlande, dont l’armée est équipée de plus de 200 chars Leopard 2, a évoqué une possible contribution, en insistant sur un rôle de formation côté finlandais. «Je veux souligner notre entraînement car la Finlande est un des rares pays à toujours avoir la conscription», a-t-il souligné. Les militaires finlandais «accueillent des débutants chaque année, les entraînent, avec une formation très expérimentée et des bâtiments pour les conscrits», a ajouté le président finlandais.
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Une série de hauts responsables ukrainiens ont été démis de leurs fonctions mardi dans la foulée d’une affaire de corruption concernant des approvisionnements de l’armée, premier scandale de cette ampleur depuis le début de l’invasion russe. Au total, cinq gouverneurs régionaux, quatre vice-ministres et deux responsables d’une agence gouvernementale vont quitter leurs postes, en plus du chef adjoint de l’administration présidentielle et du procureur général adjoint. Le président Volodymyr Zelensky avait annoncé dès lundi soir «des décisions relatives au personnel» concernant «des cadres de différents niveaux dans les ministères et autres structures du gouvernement central, dans les régions et dans le système d’application de la loi».
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Cette vague de départs arrive au moment où Kiev réclame à ses alliés occidentaux, dont le soutien militaire et financier est crucial, des centaines de chars modernes et d’autres armements pour une nouvelle offensive sur le front. À l’origine du remaniement, un scandale portant sur un contrat signé par le ministère de la Défense à un prix présumé surévalué et portant sur les produits alimentaires destinés à ses soldats. Selon une enquête du site d’information ZN.UA, ce contrat de 13 milliards de hryvnias (environ 324 millions d’euros) a été passé avec des prix «deux à trois plus élevés» que les tarifs actuels en vigueur pour les produits alimentaires de base. En conséquence, le vice-ministre de la Défense Viatcheslav Chapovalov, en charge de l’appui logistique des forces armées, a été démis mardi de ses fonctions.
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Pourtant, lundi, le ministre Oleksiï Reznikov avait assuré que le scandale relevait d’une «attaque informationnelle artificielle» fondée sur un «faux prétexte». Si aucun lien n’a été établi entre les autres responsables sur le départ et ce scandale, certains ont été accusés ces derniers mois d’autres infractions ou faux pas. Le chef adjoint de l’administration présidentielle Kyrylo Tymochenko, l’un des rares collaborateurs du président présent depuis son élection en 2019 et qui supervisait notamment des projets de reconstruction, a été accusé en octobre d’avoir utilisé un véhicule tout-terrain donné à l’Ukraine par le groupe américain General Motors. Après ces révélations, il avait assuré avoir transmis le véhicule aux besoins du front. Le procureur général adjoint Oleksiï Simonenko a lui été accusé d’être récemment parti en vacances en Espagne alors que les déplacements à l’étranger, sauf à des fins professionnelles, sont interdits pour les hommes en âge de combattre.
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Vingt-cinq personnes ont été tuées et près de 100 autres blessées dans des frappes ukrainiennes sur la région frontalière russe de Belgorod depuis le début de l’intervention militaire de Moscou en Ukraine, a annoncé mardi son gouverneur. «L’Ukraine, l’ennemi, bombarde des villages pacifiques. Nous avons 25 personnes tuées et 96 blessées», a déclaré Viatcheslav Gladkov au président Vladimir Poutine, lors d’un entretien diffusé à la télévision publique russe. C’est la première fois en onze mois qu’un bilan de victimes pour une région est donné officiellement par les autorités russes.
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Le secrétaire général del’Otan, Jens Stoltenberg, a estimé ce mardi qu’il n’y avait «aucune indication» montrant que la Russie avait «changé ses objectifs» dans sa guerre contre l’Ukraine, lors d’une visite à Berlin. Le chef de l’Otan a réaffirmé l’importance de fournir davantage d’armes lourdes à Kiev pour l’aider à repousser les forces russes, et s’est dit «confiant» qu’une solution sera «bientôt» trouvée sur la livraison des chars d’assaut réclamés par l’Ukraine.
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«La liberté a un nom: Leopard»: la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a été interpellée mardi par un élu ukrainien au Conseil de l’Europe qui lui a demandé si, «oui ou non», Berlin allait autoriser la livraison de blindés. «Le Conseil de l’Europe s’occupe de paix et de justice, c’est très important, mais aujourd’hui, la paix et la justice ont un nom : Leopard», lui a lancé l’élu ukrainien Oleksiy Hontcharenko, membre de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE).
«Alors s’il vous plaît, dites-nous clairement: oui ou non, et quand» l’Allemagne va donner son feu vert à la livraison des blindés de fabrication allemande que Kiev réclame avec insistance pour résister à l’agression russe, a-t-il encore lancé. «Je comprends votre question» mais «la paix ne repose pas que sur des chars, même si c’est un point crucial, c’est pourquoi nous en débattons intensément, y compris au sein de mon gouvernement», a rétorqué Annalena Baerbock.
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