Une attaque qui fait froid dans le dos. Yasine Kanjaa est soupçonné d’avoir tué un sacristain et blessé un prête dans une attaque dans le sud de l’Espagne, à Algésiras, ce mercredi 25 janvier. Le Marocain de 25 ans, arrêté par la police après le drame, faisait l’objet d’une instance d’expulsion du territoire espagnol. Aucun antécédent de nature terroriste ni preuve de radicalisation ne figure sur son casier judiciaire.
Arrivé en Espagne au cours de l’été 2022, Yasine Kanjaa avait été arrêté par la police le 16 juin dernier à Cadix, au sud-ouest du pays, selon le journal espagnol El Confidencial . Lors de son contrôle, les forces de l’ordre avaient constaté que le jeune homme n’avait pas en sa possession les documents nécessaires pour résider dans le pays. Une procédure d’expulsion avait donc automatiquement été entamée. Pourtant, le meurtrier présumé n’a jamais été renvoyé au Maroc. «Comme il s’agit d’une procédure administrative (…), sa mise en œuvre n’est pas immédiate», a précisé le ministère de l’Intérieur.
L’assaillant vivait dans un appartement situé dans le centre-ville d’Algésiras, non loin des deux églises. Il l’occupait avec d’autres colocataires, également de nationalité marocaine, rapporte ABC Sevilla. Tous fréquentaient la même mosquée, non loin de leur lieu de résidence. Cette dernière a d’ailleurs été perquisitionnée quelques heures après l’attaque, dans le cadre de l’enquête confiée au tribunal madrilène de l’Audience nationale, pour de possibles délits terroristes.
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Aucune trace de radicalisation ne figure sur son dossier et il n’était pas sous la surveillance d’agents des services de renseignement ou d’autres groupes de police, «ni ces derniers jours ni auparavant», relate encore le média espagnol. Une source sécuritaire a confirmé à l’AFP qu’il n’était pas fiché pour radicalisme en Espagne ou en France.
Toutefois, plusieurs témoins de l’attaque décrivent un comportement suspect. C’est le cas d’un jeune marocain agressé par Yasine Kanjaa près de l’église de La Palma, quelques heures avant le crime, relate le quotidien national El País. Alors qu’ils se croisaient dans la rue, le meurtrier présumé l’aurait frappé au visage de sa main, tout en criant en arabe : «Tu travailles pour la “majia”». Une expression utilisée au Maroc pour dire qu’un musulman est contre la religion qu’il pratique, détaille El País .
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À 18h30, soit trente minutes avant le début de l’attaque, Yasine Kanjaa est aperçu dans l’église San Isidro où il blessera le prêtre Antonio Rodríguez. «Il a pris [le livre] de l’Évangile et a commencé à dire que ce n’était pas bon», affirme un témoin à El Confidencial. Selon le quotidien, plusieurs autres témoins ont entendu le suspect reprocher aux personnes assistant à un service religieux de professer une autre religion que l’islam.
Le meurtrier présumé a ensuite quitté l’église pour revenir une heure plus tard. Durant ce laps de temps, il a revêtu une tunique blanche sous sa djellaba. À son retour, il s’est aussi armé d’une machette blanche dont le côté de la lame tranchante est sérigraphié d’une tête de mort. Le journal espagnol explique par ailleurs que Yasine Kanjaa a été retrouvé avec un Coran sur lui lors de son arrestation.
C’est à 19h que l’assaillant a attaqué le prêtre Antonio Rodríguez, qu’il blesse grièvement à l’épaule et au cou. Il s’est ensuite dirigé vers «l’église Nuestra Señora de La Palma où il s’en est pris au sacristain», détaille le ministre de l’Intérieur. Yasine Kanjaa lui a asséné plusieurs blessures mortelles à l’aide de sa machette.
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Le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez s’est refusé jusqu’ici à qualifier cette attaque de terroriste. Pour Carlos Igualada, directeur de l’Observatoire international d’études sur le terrorisme (OIET), l’Espagne est aujourd’hui confrontée au risque «d’actions ponctuelles» et non à «des campagnes d’attentats comme il y a quelques années».
Le dernier attentat de ce type remonte à août 2017. Deux assauts commis par une cellule djihadiste avaient fait 16 morts et 140 blessés sur l’avenue des Ramblas de Barcelone et dans la station balnéaire de Cambrils. Ils avaient été revendiqués par l’État islamique.
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