Maladresse, ironie ou pique volontaire ? Dans un tweet posté le jeudi 26 janvier au soir, l’agence de presse américaine AP a placé les Français dans une étonnante liste. Prodiguant une série de recommandations à l’attention des journalistes pour qu’ils évitent les généralités trop vagues et réductrices, les auteurs du livre de style ont mis en garde sur la juste utilisation des noms tels que «les malades mentaux», «les handicapés», ou encore… «les Français».

«Nous recommandons d’éviter les étiquettes globales et souvent déshumanisantes de type “les”», dit «the» en anglais, expliquent les auteurs du livre, qui recense un ensemble des bonnes pratiques à destination des journalistes américains. Et de citer des exemples «tels que les pauvres, les malades mentaux, les Français, les handicapés, les diplômés». Avant de préciser : «Utilisez plutôt des mots tels que personnes atteintes de maladies mentales. Et n’utilisez ces descriptions que lorsqu’elles sont clairement pertinentes».

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Vu plus de 20 millions de fois sur le réseau social à l’oiseau bleu, le post a suscité de nombreuses réactions amusées. L’ambassade de France à Washington a elle-même réagi sur le ton de l’humour, en feintant de vouloir changer son intitulé Twitter par «Embassy of Frenchness», littéralement «ambassade de la francité».

D’autres, moins prompts à en rire, ont plutôt jugé la recommandation d’AP non pertinente, voire ridicule. «AP pourrait-elle être plus stupide?», s’interroge un ancien diplomate américain. «OK, THEAssociated Press», se moque un autre internaute.

L’ancien candidat de droite nationaliste Eric Zemmour a également réagi : «Nous sommes les Français», a-t-il sobrement commenté.

Face aux multiples réactions, l’agence de presse américaine a présenté ses excuses vendredi matin. L’évocation des Français était «inappropriée», a-t-elle reconnu, regrettant avoir causé «une offense involontaire».

Interrogée par Le Monde, Lauren Easton, vice-présidente chargée de la communication chez AP, avait assuré plus tôt qu’il n’y fallait voir aucun message particulier envers les Français, cette nationalité ayant été évoquée de manière tout à fait aléatoire : « La référence aux “Français”, ainsi que la référence aux “diplômés”, est un effort pour montrer que “les” étiquettes ne doivent être utilisées pour personne, qu’elles soient traditionnellement stéréotypées comme positives, négatives ou neutres», a-t-elle expliqué dans un mail au quotidien français.

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