Près de deux semaines après celle de Paris, une marche contre l’antisémitisme est organisée à Londres, ce dimanche 26 novembre, à l’appel de l’association Campaign against antisemitism (campagne de lutte contre l’antisémitisme en français, NDLR). Elle partira de la Royal Courts of Justice [Cour royale de justice, NDLR], au cœur de la ville, à 13h30.
Cette marche est présentée comme «la plus grande manifestation britannique contre l’antisémitisme depuis 1936», rapportent nos confrères du Telegraph . Sur les réseaux sociaux, l’affiche de la manifestation circulait d’ailleurs largement à quelques jours de l’événement. On y voit une foule marcher, munie de drapeaux israéliens ou encore britanniques, avec pour slogan, «stand shoulder to shoulder with British Jews» [se tenir aux côtés des juifs britanniques en français, NDLR].
Depuis le début le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les actes antisémites ont explosé dans le pays, comme ailleurs en Europe. Le Community Security Trust (CST) a ainsi indiqué avoir enregistré «au moins 1324 incidents antisémites» entre le 7 octobre et le 15 novembre au Royaume-Uni. Il s’agit du bilan «le plus élevé» jamais enregistré en 40 jours selon cette organisation qui relève les actes antisémites depuis 1984, rapporte l’AFP.
Sur la même période en 2022, le CST avait enregistré 217 «incidents antisémites». Parmi les 1324 incidents relevés, il y a, selon cette organisation, 64 agressions, 92 dégradations et profanations de biens appartenant à des personnes juives et 1045 comportements abusifs dont des agressions verbales et des courriers haineux.
Mercredi dernier, le ministre des Finances Jeremy Hunt a d’ailleurs annoncé qu’il débloquait près 7 millions de livres sterling sur trois ans pour financer des organisations luttant contre l’antisémitisme dans les écoles et les universités. «Je suis profondément préoccupé par la montée de l’antisémitisme dans notre pays», a-t-il ainsi déclaré lors d’une présentation budgétaire au Parlement. «Je renouvelle de plus l’augmentation de 3 millions de livres sterling du Community Security Trust», c’est-à-dire l’organisation chargée de protéger la sécurité de la communauté juive, a-t-il ajouté.
Le premier ministre Rishi Sunak avait pourtant tapé du poing sur la table une dizaine de jours après le début de la guerre. «Il n’y a pas de place pour l’antisémitisme dans notre société et nous ferons tout notre possible pour l’éradiquer, et là où il est présent, nous le combattrons avec toute la force de la loi», avait-il déclaré en dénonçant des actes «inacceptables » lors des manifestations propalestiniennes.
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Depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, plusieurs manifestations en solidarité avec la Palestine ont eu lieu dans la capitale, dont celle du 11 novembre dernier qui a réuni près de 300.000 personnes. Si cette dernière s’est déroulée dans un calme relatif, elle était entachée par la présence de sympathisants du Hamas mais aussi celle de contre-manifestants nationalistes, a également déploré Rishi Sunak.
Ce 26 novembre, il s’agira cette fois de la première grande manifestation contre l’antisémitisme. Et l’annonce a déjà provoqué quelques remous au sein même de la rédaction de la BBC, rapporte The Telegraph . «Le personnel de la BBC a accusé l’entreprise de faire deux poids, deux mesures après avoir reçu l’ordre de ne pas participer à une marche contre l’antisémitisme ce week-end», rapportent nos confrères d’outre-Manche.
Les employés du média souhaitant participer à la marche «ont été renvoyés aux directives qui leur demandent de ne pas prendre part à des rassemblements publics sur des sujets controversés», poursuit encore le média britannique. Les employés ont rétorqué que la protestation contre le racisme «ne devait pas être considérée comme une question controversée ou partisane». Mais la BBC n’a pas lâché, en indiquant à son personnel qu’il devait respecter «les mêmes directives que celles qui l’ont empêché d’assister à des rassemblements pro-palestiniens au cours des dernières semaines».