Une peine de 12 mois de prison avec sursis probatoire a été requise vendredi au tribunal de Besançon à l’encontre de deux étudiants qui comparaissaient pour «dégradations graves, en réunion, au détriment d’un bien d’utilité public, et à finalité raciste». Ils s’en étaient pris, en novembre, à la statue de Victor Hugo sculptée par Ousmane Sow, alors fraîchement restaurée sur l’Esplanade des droits de l’homme. La rénovation de l’œuvre avait suscité quelques interrogations, notamment auprès de la veuve du sculpteur sénégalais, en raison du teint foncé du sujet.
Le parquet a assorti ses réquisitions à l’encontre des deux étudiants, âgés de 20 et 22 ans, d’un sursis probatoire de deux ans, avec obligation d’effectuer 140 heures de travaux d’intérêt général, et d’une peine complémentaire d’inéligibilité de 5 ans. Le jugement a été placé en délibéré au 17 février. Les deux étudiants encourent jusqu’à dix ans de prison.
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«Ils ont mesuré la gravité de leur acte, c’est une bonne chose. Il va falloir qu’ils réfléchissent pour envisager l’avenir plus sereinement, mais ce sont des jeunes qui peuvent raisonner intelligemment», a déclaré à l’AFP Julien Vernet, avocat de la défense, à l’issue de l’audience. Les prévenus «sont allés sur un repenti, mais ils ne sont pas revenus sur la question du racisme», a regretté auprès de Radio Bip la maire de Besançon, Anne Vignot, qui s’était constituée partie civile et était présente à l’audience. «J’espère que j’aurai l’occasion de leur démontrer qu’ils sont dans une erreur fondamentale.»
«Le tribunal doit sanctionner ce type d’actes», a ajouté Samuel Thomas, président de l’association de lutte contre le racisme La Maison des potes, également partie civile. «Les faits étaient en novembre, moins de six mois après on a le procès, c’est bien, ça permet d’envoyer un message très fort.»
Fin novembre, les deux étudiants en histoire, anciens membres du Rassemblement national, avaient recouvert de peinture blanche le visage d’une statue de Victor Hugo à Besançon, avant d’y apposer une pancarte portant la mention suprémaciste «White Power» ainsi une croix celtique, un symbole prisé des groupes néonazis.
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La statue était en cours de restauration, et une polémique médiatique s’était développée sur la couleur, jugée trop sombre par certains, du visage de l’auteur, bien que la restauration n’était pas terminée. «Le visage original était de couleur chair. On dirait un Victor Hugo noir, ce qui n’a jamais été l’intention d’Ousmane», s’était alors étonné Béatrice Soulé, la veuve d’Ousmane Sow.
«À l’initiative des nationalistes locaux, la statue de Victor Hugo (…) a été restaurée et arbore désormais une belle couleur blanche, bien française, bien bisontine, bien XIXe siècle», annonçait peu de temps après un message de revendication, posté sur le site internet de La Cocarde Étudiante. Une centaine de manifestants antiracistes étaient rassemblés devant le tribunal avant l’audience, selon la police.