Emmanuel Macron veut une «défaite de la Russie» sans l’«écraser». Comme il l’indiquait au Figaro vendredi soir dernier, le président français a affirmé en effet que «la position de la France» ne sera jamais de «défaire la Russie totalement, l’attaquer sur son sol».

Interrogé par les journalistes du quotidien italien La Repubblica, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi à cette prise de position du chef d’État français. «Macron perd son temps», a-t-il notamment affirmé. Et toutes discussions avec Poutine seraient «un dialogue inutile», a-t-il balayé. «Je suis arrivé à la conclusion que nous ne sommes pas en mesure de changer l’attitude russe». Volodymyr Zelensky a rappelé que la Russie était seule responsable de son isolement «dans le rêve de reconstruire l’ancien empire soviétique».

«Lorsque les sanctions économiques ont été prises, certains nous ont accusés d’isoler la Russie, mais ce n’était pas vrai : ce ne sont pas les sanctions qui marginalisent Poutine mais sa décision à lui de déclencher la guerre», a aussi martelé Volodymyr Zelensky.

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Le président ukrainien a aussi évoqué la «nervosité» générale sur le front avant l’offensive russe tant redoutée, même s’il s’est voulu rassurant sur le moral de ses combattants. Les Russes «n’ont pas la même motivation que nos soldats. Nous nous battons sur notre territoire, pour défendre nos maisons et nos familles. Si nous perdons, nous perdons tout».

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Dans ce combat pour l’existence même de la nation ukrainienne, Zelensky a rappelé que chaque portion de territoire avait une importance, même la position plus symbolique que stratégique que les forces ukrainiennes défendent avec acharnement. «Il n’est pas question d’ordonner à nos armées de rester et de tenir coûte que coûte jusqu’à la mort […] L’objectif de cette guerre n’est pas de nous battre pour mourir, mais c’est de protéger cette terre sur laquelle nous vivons le plus longtemps que nous le pourrons». Le chef d’État a néanmoins rappelé que la perte de Bakhmout ouvrirait le chemin de Sloviansk et Kramatorsk, clés du Donbass, aux forces russes.

Répondant à une question des journalistes italiens, Zelensky a aussi évoqué la situation en Moldavie où des craintes ont émergé d’une possible tentative de déstabilisation de la Russie. «L’Ukraine est toujours prête à aider la Moldavie», a assuré le président ukrainien qui a tenu a rappelé qu’il n’y avait pas de frontières terrestres entre ce pays et la Russie, et donc qu’une offensive depuis ce territoire serait de toute façon difficile à réaliser pour les Russes qui auraient besoin d’y envoyer des troupes et des armements.

Enfin, le président ukrainien a aussi évoqué la «question complexe» de la Chine. Kiev espère que Pékin puisse un jour revoir sa position de neutralité en faveur de l’Ukraine. «Je ne vois pas cela probable, pour le moment», a-t-il toutefois indiqué, en partageant néanmoins sa conviction que la Chine ne fera pas non plus le mouvement inverse. «Parce que si la Chine s’allie avec la Russie, cela devient une guerre mondiale et je pense que la Chine le comprend clairement». «Je n’ai aucune information» sur une quelconque aide militaire de la Chine à la Russie, a-t-il aussi précisé. Selon le secrétaire d’État américain Antony Blinken, Pékin envisage de fournir des «armes» à la Russie pour appuyer son offensive. Le gouvernement chinois a nié ce lundi matin ces accusations.

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Volodymyr Zelensky doit aussi rencontrer son homologue italienne Giorgia Meloni ce lundi à Kiev. Soutien inconditionnel de l’Ukraine dans la guerre, la cheffe du gouvernement italien est en revanche en désaccord sur la question avec ses alliés de la coalition de droite au pouvoir. Silvio Berlusconi a évoqué à plusieurs reprises depuis le début de la guerre son «amitié» avec Vladimir Poutine et critiqué Zelensky. «Je ne le connais pas personnellement, je devrais peut-être lui envoyer quelque chose…», a réagi le président ukrainien dans La Repubblica en référence aux cadeaux échangés avec le président russe. «Je ne sais pas, qu’est-ce que je peux lui offrir ? De la vodka ? […] Si une caisse de vodka suffit pour amener Berlusconi à nos côtés, alors nous allons enfin résoudre ce problème», a-t-il ironisé.

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