Mauvaise nouvelle pour les usagers des autoroutes. Interrogé sur RMC ce mercredi matin, le ministre délégué aux Transports a confirmé que les tarifs des péages d’autoroute allaient augmenter, comme chaque année, au 1er février prochain. La hausse sera toutefois inférieure à l’inflation : après un bond de 4,75% en moyenne en 2023, les prix progresseront de moins de 3% l’an prochain, a déclaré Clément Beaune. La «hausse sera limitée, inférieure à 3%», à compter du 1er février, a-t-il indiqué, dénonçant des «intox» et «mensonges» sur cette augmentation.
En septembre dernier, l’annonce d’une taxe sur les sociétés d’autoroutes pour «financer l’investissement dans la transition écologique et dans le ferroviaire» avait ainsi mené à un bras de fer par médias interposés entre le gouvernement et les acteurs privés, qui prévenaient que ce prélèvement risquait de mener à une hausse des prix. «Une hausse des taxes, c’est inévitablement une hausse des péages», mettait ainsi en garde le président de Vinci autoroutes, Pierre Coppey.
Dans les faits, il n’en est rien, a répondu Clément Beaune ce mercredi. Cette taxe «n’a aucun impact sur l’évolution des péages». Les propos de «certaines sociétés d’autoroute» sont donc faux : l’augmentation «sera beaucoup moins forte que l’an dernier», en moyenne, et l’État s’opposera aux entreprises qui seraient tentées de faire flamber les tarifs pour intégrer cette taxe. «C’est l’État, qui, à la fin, prend un texte juridique qui valide cette évolution des péages», a affirmé le ministre délégué, rappelant que les sociétés et l’État étaient unis par des «contrats». Parler de «répercussion de la taxe» revient donc à ne pas dire la «vérité», a-t-il assuré.
Pour rappel, les tarifs des péages sont revus chaque année, le 1er février. Les hausses sont encadrées et entérinées par le conseil d’État. Elles dépendent fortement de l’inflation annuelle, comme le prévoient les contrats de concession. Le prix payé par l’usager est réparti entre plusieurs acteurs, explique l’Association des sociétés françaises d’autoroutes et d’ouvrages à péage (ASFA). Sur dix euros, 3,6 euros partent en impôts et taxes dans la poche de l’État, le reste allant à l’exploitant. 2,2 euros sont utilisés pour construire et moderniser le réseau, 1,2 euro servent à l’exploitation et au service, et trois euros pour rembourser la dette et rémunérer les investisseurs.
Ces derniers mois, l’exécutif avait incité les sociétés concessionnaires à faire des efforts pour soulager le portefeuille des ménages, faute de baisser leurs tarifs. Vinci autoroutes avait par exemple annoncé un geste en janvier dernier, pour les «déplacements domicile-travail» des automobilistes. Depuis, la situation s’est envenimée, alors que l’État espère tirer 600 millions d’euros de sa future taxe «sur les grandes exploitations d’infrastructures de transport de longue distance», répartie entre les grandes autoroutes et les grands aéroports. «C’est inévitablement aussi une hausse de tarifs que nous évaluons aujourd’hui de l’ordre de 5% compte tenu d’une taxe de 4,6% sur le chiffre d’affaires des autoroutes», rétorquait ce mois-ci Pierre Coppey. Un argumentaire balayé par Clément Beaune, donc. Reste à voir le chiffre qui sera finalement retenu par les parties prenantes : le bras de fer n’est pas encore terminé.