Petit à petit, le projet fait son nid. Emmanuel Macron a relancé à bas bruit sa vaste réforme des institutions, consultant à tour de rôle François Hollande, Nicolas Sarkozy ou encore Gérard Larcher. Manière pour le chef de l’État de préparer l’après-retraites. Mais pour les Français, il n’y a pas d’urgence à réformer les institutions. C’est ce que révèle un sondage Odoxa Backbone Consulting, réalisé pour Le Figaro. Bien qu’une large majorité (74%) y voit «une bonne idée», 45% des sondés jugent que le moment n’est pas opportun. «Ces sujets leur semblent loin de leur quotidien et des réponses à leurs difficultés, en particulier celles liées au pouvoir d’achat et à l’insécurité», décrypte Véronique Reille-Soult, dirigeante de Backbone Consulting. Lors de son premier quinquennat, Emmanuel Macron avait déjà échoué, à deux reprises, à mener à bien son ambition institutionnelle. Seule une minorité (29%) plaide, à l’inverse, pour une «réforme rapide».
Les Français se montrent pourtant critiques à l’égard du système français : 61% d’entre eux trouvent le régime «moins efficace» que ceux – plus parlementaires – de nos voisins européens. Dans le détail, ils trouvent qu’il est moins capable de favoriser les réformes que les autres systèmes, (53%), moins générateur de consensus (56%) et moins moderne (60%). Cet inquiétant état des lieux n’entache pas pour autant la démocratie tricolore. Une courte majorité de Français (51%) jugent ainsi le régime «semi-présidentiel» plus démocratique que ceux en place dans le reste du continent. La France dispose en effet d’une «originalité au sein de l’Europe où, la plupart du temps, c’est le chef du gouvernement, choisi après les législatives qui a le plus de pouvoirs», détaille Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa.
Les Français semblent d’autant plus attachés à cette singularité. Ils ne sont plus que 45% à vouloir «réformer en profondeur» les institutions, soit une baisse de 19 points depuis 2016. Seuls les partisans de La France insoumise et du Rassemblement national (57%) appellent majoritairement à un changement profond. Malgré les propositions esquissées par le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, les contours de cette réforme institutionnelle demeurent flous. De leurs côtés, les Français approuvent déjà un éventail de mesures : réduire d’un tiers le nombre de parlementaires (78%), faire du vote un «devoir» (62%) ou la mise en place d’une «Cour suprême» à la française (61%). Des doutes émergent en revanche sur l’instauration d’une VIe République, appelée de ses vœux par Jean-Luc Mélenchon. La question divise désormais les électeurs (49% contre 49%). Ils étaient pourtant deux tiers à soutenir cette refonte totale en 2016. Les Français tiennent également aux acquis des précédentes réformes.
Bien que critiqué, le quinquennat reste approuvé par 56% des personnes interrogées. Ils ne souhaitent pas non plus de retour en arrière sur l’interdiction du cumul des mandats, puisque 73% s’y opposent. Huit ans après la réforme territoriale de François Hollande, Emmanuel Macron pourrait perdre quelques plumes s’il souhaitait s’attaquer aux échelons locaux. Pas question pour les Français de supprimer la région (68%), le département (76%) et encore moins la commune (79%), auxquels ils restent attachés.
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