Une main sur la bouche, épaules rentrées, secoué de rires sous le costume de Laurent Ruquier, Marc-Antoine Le Bret annonce les invités de l’animateur. Chantal Ladesou, courbée, « entre » sur le plateau en grommelant avec son accent traînant. Le public applaudit. Entre deux intermèdes musicaux, arrive un autre Laurent. Delahousse, la mèche savamment relevée, avec ses questions longues comme le bras au journal de 20 heures. Gonflé, l’imitateur breton a imaginé les émissions de télévision en 2040 sur fond de changements climatiques et sociétaux.
Des personnalités diverses se croisent. Omniprésentes, comme Michel Drucker (pas la meilleure imitation) ou Nelson Monfort, qui tente de faire oublier les grossièretés de son comparse Philippe Candeloro. Stéphane Bern également, « inconsolable » depuis la mort d’Élizabeth II, qui a été promenée dans une boîte comme une pizza, la « reine » ! Marc-Antoine Le Bret campe encore une Arielle Dombasle évaporée, un François Cluzet râleur (excellent), Renaud, un « jeune plein d’avenir toujours vivant », ou un Mika sautillant comme Jiminy Cricket.
À lire aussiMarc-Antoine Le Bret, serial imitateur
Il modifie ses diatribes en fonction de l’actualité. Pierre Palmade est évoqué rapidement. « C’est chaud ! », lâche l’imitateur, six jours après l’accident provoqué par l’humoriste. Plus à l’aise avec les voix masculines que féminines, le trentenaire n’hésite pas à s’en prendre aux politiques. Par sa bouche, Marlène Schiappa devient hilarante : « Chers, chèreu, spectateurs, spectatrices, quelles, quelleu, bonheure, bonheuses, d’être là ce soir, parmi vous et vouse. Tous, ensemble, nous tenons, je crois, le bon bout et la bonne bouse. » Droit comme un lampadaire devant un pupitre, Marc-Antoine Le Bret tient également un discours à la façon d’un Emmanuel Macron qui a bien appris sa leçon. Et prend plaisir à échanger avec ses fidèles.
Solo est son troisième spectacle après Marc-Antoine Le Bret fait des imitations et Marc-Antoine Le Bret, nouveau spectacle. L’artiste confie volontiers qu’il n’est pas inspiré pour trouver des titres. Il n’oublie pas de saluer ses coauteurs, les humoristes Tom Villa et Romain Cheylan. Et sa metteur en scène, sa femme, Marie-Ange Casta, la sœur cadette de Laetitia Casta. Qui orchestre sans coup férir les va-et-vient de son mari sur le plateau.
En 2015, on l’avait comparé à Nicolas Canteloup et à Laurent Gerra. Il n’a pas à rougir. D’un naturel timide, Marc-Antoine Le Bret a commencé à imiter ses professeurs vers l’âge de 12 ans. Plus tard, il a été repéré par Patrick Sébastien, puis s’est fait remarquer derrière les marionnettes des « Guignols » sur Canal . Sa chronique « Le Bret du faux » sur Europe 1 est aujourd’hui une émission matinale sur RFM. D’une soixantaine de voix, il est passé à quatre-vingt-dix. Gageons qu’il dépassera bientôt les cent.
Solo, en tournée jusqu’à fin juin.
À VOIR AUSSI – «Il faut toujours se laisser surprendre»: André Dussollier révèle ce qu’il y a de plus difficile pour un comédien au théâtre