Le pont détruit d’Irpin, les morts de Boutcha, les bombes de Kharkiv… Depuis le déclenchement du conflit le 24 février 2002, la guerre en Ukraine a été documentée par les journalistes et les photographes. De très nombreux clichés imprègnent nos mémoires. En voici une sélection.

Certaines photos peuvent choquer les personnes sensibles.

C’est une image de vidéosurveillance un peu déformée. Publiée le 24 février par l’Ukraine, elle montre des camions russes d’équipement militaire franchissant le poste-frontière entre la Russie et la Crimée annexée. Au petit matin, Vladimir Poutine a annoncé dans une allocution télévisée une «opération militaire spéciale» en Ukraine.

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Le visage d’Olena Kourilo, une enseignante photographiée à la sortie d’un hôpital de Tchougouïv – à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe – par un photographe de l’AFP révèle la réalité d’un conflit armé. «Jamais, sous aucune condition, je ne me soumettrai à Poutine, je préfère mourir», déclare-t-elle ce jour-là. L’image fait le tour du monde.

Dès les premiers jours, femmes et enfants prennent le chemin de l’exode. Les gares sont prises d’assaut. Plusieurs millions de réfugiés quittent le pays tandis que d’autres sont déplacés à l’intérieur des frontières. De nombreux Ukrainiens s’exilent en Pologne mais d’autres vont plus loin, en France et ailleurs. Plus de la moitié des enfants en Ukraine ont dû quitter leur foyer pour fuir l’insécurité et les combats, indique l’Unicef le 24 mars, un mois après le début du conflit. Et «cette guerre est une tragédie de l’enfant», alerte à l’époque auprès du Figaro , Philippe Cori, le directeur adjoint de l’Unicef pour l’Europe.

Peu après le début de l’invasion, l’armée ukrainienne fait sauter le pont d’Irpin qui relie la ville à Kiev, la capitale. Des milliers de réfugiés doivent franchir à pied ce point de passage dans des conditions dantesques. Près de 7,5 millions d’Ukrainiens fuient le conflit dans les deux premiers mois de la guerre.

Assiégée pendant trois mois, la cité portuaire de Marioupol est la ville martyre de l’Ukraine. Une semaine avant le bombardement du théâtre où une centaine de civils étaient réfugiés, une maternité est touchée par les tirs le 9 mars. Deux journalistes de l’agence américaine Associated Press (AP) sont sur place et documentent l’explosion. La photo de l’évacuation d’une jeune femme enceinte qui ne survivra pas fait le tout du monde et provoque l’indignation. De son côté, la propagande russe s’en saisit et dénonce une mise en scène en faisant témoigner Marianna, une autre femme enceinte blessée.

Alors que Moscou revendique le 21 avril la prise de Marioupol, les combats continuent avec les quelques milliers de combattants ukrainiens retranchés dans la gigantesque aciérie Azovstal. Ce sont des membres du régiment Azov que les Russes qualifient d’extrémistes nazis. Un mois plus tard, privés de nourriture et de munitions, ils déposent les armes. Symboles de la résistance ukrainienne, ils sont pour leurs compatriotes de véritables héros. La ville de Marioupol est depuis septembre 2022 annexée par la Russie.

L’armée ukrainienne reprend Boutcha, en banlieue de Kiev, le 1er avril après la retraite russe. À leur entrée, elle découvre des scènes d’horreur. Des exécutions sommaires, dont celles de civils ayant les mains liées dans le dos. Le président ukrainien qualifie ces assassinats de «crimes de guerre». Ils provoquent des sanctions économiques importantes contre le charbon et le pétrole russe.

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Plusieurs sabotages non élucidés sont commis sur les gazoducs Nord Stream I et II en mer Baltique en septembre. La Russie est immédiatement montrée du doigt. Poutine, lui, dénonce un acte de «terrorisme international» profitant aux États-Unis, à l’Ukraine et à la Pologne. Mais après des mois d’enquête, de nombreux responsables occidentaux «disent en privé» que la Russie n’est peut-être pas à l’origine des explosions. C’est ce que dévoile en décembre le Washington Post . L’affaire ne s’arrête pas là: en février 2023, un journaliste américain accuse Washington d’être à l’origine du sabotage.

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Vladimir Poutine reçoit un cadeau d’anniversaire empoisonné. Dans la nuit du 7 au 8 octobre, une explosion a sérieusement endommagé le pont de Kertch, qui relie la Crimée occupée depuis 2014 à la Russie, et que le président russe avait inauguré en 2018. Vladimir Poutine ordonne sa reconstruction rapide et s’y rend le 5 décembre, sa première visite dans la péninsule annexée depuis le début de «l’opération militaire spéciale».

En décembre 2022, un couple de photographes ukrainiens publie sur Instagram le cliché saisissant de la somme de tous les missiles russes tombés sur Kharkiv depuis le début de la guerre. La deuxième ville d’Ukraine, qui a réussi à repousser l’offensive au moins de mai, est l’une des cibles les plus touchées par les bombardements. «En regardant cette photo, vous pouvez imaginer le nombre de vies ruinées, de maisons détruites, d’écoles, de jardins d’enfants dévastés… Kharkiv était une ville paisible», témoigne auprès du Figaro Vlada Liberov.

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